La Banque centrale européenne vient d’émettre un avis strict contre les intentions du gouvernement Meloni en Italie de taxer les bénéfices « montants en flèche » des banques, en citant une série de risques qu’une telle décision comporte pour le système bancaire italien.
Il convient de noter que des propositions similaires ont été présentées avant les dernières élections par l’opposition officielle pour l’imposition d’un impôt extraordinaire similaire à celui introduit en Espagne et officiellement discuté en Italie ces derniers mois.La BCE, tout en reconnaissant la motivation du gouvernement italien à puiser dans les excédents de bénéfices des banques pour amortir l’impact significatif sur les emprunteurs de la hausse des taux d’intérêt au cours de l’année écoulée, tire néanmoins la sonnette d’alarme pour le système bancaire.
Comme il l’explique, à mesure que le cycle de resserrement monétaire progresse, l’écart entre les taux d’intérêt sur les dépôts et les prêts – qui est responsable des bénéfices inattendus des banques – se réduira progressivement. Cela signifie que les revenus d’intérêts diminueront considérablement dans les mois à venir. Toutefois, il existe également un certain nombre de risques supplémentaires, tels que la possibilité d’une nouvelle vague de créances douteuses.
Cette position a été développée, pour sa part, par le banquier central grec Yiannis Stournaras du forum EUROFI vendredi. La croissance dynamique des bénéfices des banques « ne devrait pas se poursuivre en raison de la hausse progressive des taux de dépôt, de l’augmentation des coûts de financement sur les marchés monétaires et de la diminution de la demande de prêts ».
Cela signifie, souligne le gouverneur de TTT, que « les banques commerciales doivent se préparer à un environnement bancaire et macroéconomique plus défavorable en raison du resserrement de la politique monétaire ». En effet, la BCE explique que la taxation extraordinaire des bénéfices excédentaires des banques compromet la création d’une base de capital solide par les banques de la zone euro, sapant ainsi leur résilience face à d’éventuelles crises futures.
Impôt extraordinaire de 40% sur les bénéfices
Enfin, la BCE prévient que l’imposition d’une taxe extraordinaire sur les banques frappera davantage les petites banques – non systémiques – que les plus grandes du pays, provoquant de graves déséquilibres dans le secteur.
Il convient de rappeler que l’annonce initiale – surprise – du gouvernement italien début août d’imposer un impôt extraordinaire de 40% sur les bénéfices « montant en flèche » des banques a provoqué des secousses à la Bourse de Rome, provoquant des pertes temporaires allant jusqu’à 10 milliards d’euros dans les établissements de crédit italiens en raison de la « chute » de leurs actions.
Cependant, quelques semaines plus tard, le ministère italien des Finances l’a révisé en précisant qu’il était examiné sur les revenus nets d’intérêts à 0,1% des actifs pondérés des établissements de crédit. L’annonce corrective a permis de réduire l’impact estimé sur la rentabilité des banques à environ 1/5 de la perte de bénéfices initialement estimée pour le secteur.