Le séisme dévastateur qu’a connu le Maroc et le cyclone Daniel qu’a subi la Libye méritent une analyse approfondie. La disparité de traitement des catastrophes au Maroc et en Libye par les médias occidentaux en dit long. Mehdi Ghazzai, consultant en communication politique, apporte son éclairage, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com
Mehdi Ghazzai estime que certains événements ont une importance particulière dans le monde médiatique; tandis que d’autres sont négligés par l’actualité. Prenons, par exemple, les événements tragiques récents qui se sont déroulés au Maroc et en Libye. Deux tragédies, deux récits. Si les faits sont incontestables, leur écho dans le salon du téléspectateur l’est beaucoup moins. D’où la question : pourquoi cette dichotomie?
A cette interrogation, il répond : « La familiarité, le proche, l’identifiable, voilà les mots-clés du traitement médiatique. Marrakech, avec ses ruelles sinueuses, ses marchés animés et son histoire riche, résonne d’une manière particulière dans l’esprit occidental. La Libye, quant à elle, semble être un lointain désert de sable, souvent éclipsée par d’autres récits dominants de terrorisme et d’instabilité politique. »
Et de poursuivre : « L’antique dichotomie entre l’émotion et la raison trouve son reflet dans le paysage médiatique. Le tremblement de terre au Maroc, malgré son bilan humain moins lourd, a éveillé une sensibilité profonde dans le cœur des spectateurs occidentaux. Se nourrissant sans doute de leurs liens historiques et culturels. En revanche, les inondations en Libye, aux conséquences tragiquement plus vastes, n’ont peut-être pas trouvé une empathie similaire, marquée par la distance ressentie. Une dynamique que nous avons déjà observée en comparant la situation des réfugiés ukrainiens à celle des Syriens. »
Et de conclure : « Le consommateur de l’information semble être, à son insu, emprisonné par un prisme émotionnel où la familiarité et les affinités culturelles pèsent lourdement sur la balance de sa compassion. Les choix éditoriaux, loin d’être anodins, deviennent alors des reflets d’une certaine hiérarchie des tragédies, où certaines vies semblent implicitement compter plus que d’autres. Je me demande : nos médias, en Tunisie et dans le monde arabe, échappent-ils vraiment à cette tendance? J’en doute fort. »