TotalEnergies a rejeté la proposition du gouvernement français aux pétroliers et autres enseignes de vendre leurs carburants à perte. Et ce, face à la hausse de l’inflation qui a suscité des protestations de l’opposition.
Le PDG de l’entreprise, Patrick Pouyanné, a déclaré aux médias, mercredi 20 septembre 2023, qu’il refuse de vendre à perte le carburant qu’il produit. Tout en soulignant que celui-ci « ne sera pas inférieur » au prix actuel de 1,99 euros (2,13 dollars) le litre dans les stations-service de son groupe en France.
A cet égard, notons que le 16 septembre 2023, la Première ministre française, Elizabeth Borne, a annoncé la possibilité de vendre du carburant à perte. Une mesure qui fera l’objet d’un projet de loi et entrera en vigueur début décembre pour une durée de six mois.
Autrement dit, ce mécanisme permet de revendre le produit à un prix inférieur à son prix d’achat, sachant qu’une loi l’interdit depuis 1963. Mais il existe quelques exceptions, notamment pour les produits qui « présentent un caractère saisonnier notable ».
Prix des carburants en France
Commentant les prix des carburants en France, Patrick Pouyanné, a déclaré : « 1,99 euro est le plafond […] qui garantira la politique de TotalEnergies… Je ne descendrai pas plus bas que cela […] C’est un effort énorme. »
Il a aussi ajouté : « Ce plafond s’applique aujourd’hui à environ 3 000 stations […] Cela signifie que le prix normal est plus élevé ». Des propos cités par la chaîne d’informations en continue BFMTV.
En outre, le groupe pétrolier, qui exploite un tiers des stations-service en France, a annoncé la semaine dernière qu’il prolongerait jusqu’à l’année prochaine (2024) le plafond de 1,99 euro le litre sur le prix de l’essence et du diesel dans ses 3 400 stations. Et ce, « tant que les prix restent élevés. »
Quant au gouvernement français, il a confirmé le même jour qu’il « poursuivait » son projet de permettre la vente de carburant à perte. Malgré l’opposition des grandes enseignes de distribution, qui exploitent environ la moitié des stations-service en France.
Les entreprises de la grande distribution s’opposent également au projet
Dans le même temps, les dirigeants des grandes enseignes de distribution Leclerc, Carrefour, Intermarché, Casino et Auchan exprimaient unanimement leur opposition à la revente de carburant à perte dans les parkings de leurs sites; et ce, lors de leur entretien avec le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire.
Ainsi, le ministère français de l’Economie et des Finances a indiqué que Bruno Le Maire et la ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce et de l’Artisanat, Olivia Grégoire, ont abordé la question de la vente à perte de carburant lors de cette réunion avec les responsables de la distribution.
« Bruno Le Maire a également indiqué que les bornes indépendantes bénéficieront d’une compensation », précise le ministère. De même qu’elles seront « accompagnées d’un plan de transformation pluriannuel visant à leur permettre d’offrir de nouveaux services comme des bornes de recharge rapide ».
Pour sa part, le PDG de Carrefour, Alexandre Bombard, a annoncé lors d’une audition devant la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale que son entreprise ne vendrait pas de carburant à perte.
L’interdiction « de la revente à perte est un principe très important du commerce depuis 1963 », a souligné M. Bombard, qui est également président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), représentant une grande partie du secteur.
Dans un contexte connexe, le gouvernement français a appelé hier les grandes enseignes de la grande distribution à « participer » à « l’effort collectif » en matière de carburant.
Enfin, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, s’exprimait face à la presse, à l’issue d’un conseil des ministres. Il déclare que « face à l’inflation, chacun doit et peut faire un effort ». En défendant la mesure, malgré l’accueil négatif des distributeurs.