Varsovie est accusée d’avoir accepté des pots-de-vin pour délivrer des visas européens à des migrants, dont beaucoup ont ensuite traversé la frontière allemande.
L’Allemagne a convoqué mardi 19 septembre l’ambassadeur de Pologne, Dariusz Pawlos, au ministère de l’Intérieur à Berlin. Et ce, pour lui demander d’expliquer un prétendu stratagème selon lequel des migrants d’Asie et d’Afrique se verraient vendre des visas européens pour des milliers d’euros chacun.
En plus de convoquer M. Pawlos, la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, a tenu, mercredi 20 courant, une réunion avec son homologue polonaise, rapporte Reuters.
Ainsi, le ministère des Affaires étrangères et les consulats polonais sont accusés de délivrer des visas à des migrants en provenance d’Asie et d’Afrique sans vérification adéquate de leurs antécédents. A condition que des pots-de-vin soient versés à des intermédiaires. Le système a été découvert par les médias polonais au début du mois. Ces derniers affirment que jusqu’à 350 000 visas avaient été délivrés de cette manière depuis 2021. Le visa coûtant entre 4 000 et 5 000 dollars chacun.
A cet égard, notons que la Pologne est membre de la zone Schengen sans visa de l’UE. Ce qui signifie que toute personne obtenant un visa polonais peut entrer librement dans 26 autres pays de l’UE.
Renforts policiers à la frontière avec la Pologne
On ne sait pas exactement combien de migrants ont profité de cet arrangement pour entrer en Allemagne. Cependant, des centaines de policiers aux frontières supplémentaires ont été déployés à la frontière avec la Pologne pour rechercher les voyageurs suspects, précise encore Reuters.
Selon un article du site d’information polonais Onet, l’ancien vice-ministre des Affaires étrangères Piotr Wawrzyk a obtenu des visas pour un groupe d’Indiens se faisant passer pour une équipe de tournage de Bollywood. Les Indiens ont payé jusqu’à 40 000 dollars chacun pour ces visas. Et ce, avant de les utiliser pour tenter d’entrer aux Etats-Unis via le Mexique. Les agents de l’immigration américains auraient prévenu le gouvernement polonais lorsqu’ils auraient rencontré le groupe à la frontière américaine.
Pour sa part, le ministre polonais des Affaires étrangères, Zbigniew Rau, qualifie le scandale de « fausse nouvelle ». Tout en insistant sur le fait que seulement 200 documents environ ont été publiés avec des « irrégularités ». Cependant, M. Wawrzyk a été démis de ses fonctions le mois dernier et onze autres suspects ont été arrêtés la semaine dernière. Puis, M. Wawrzyk a été hospitalisé après avoir tenté de se suicider la semaine dernière, ont révélé les médias polonais.
Cette controverse a éclaté un mois avant les élections législatives en Pologne, où le parti au pouvoir, le PiS, s’est positionné comme étant dur à l’égard de l’immigration. Le gouvernement prévoit également d’organiser un référendum sur l’immigration et la sécurité des frontières. Il y sera demandé aux citoyens s’ils soutiennent l’acceptation de « milliers d’immigrés illégaux du Moyen-Orient et d’Afrique » dans le cadre d’un plan de relocalisation de l’UE.