La Banque centrale de Turquie est encore passée à l’acte. Elle a augmenté son taux d’intérêt directeur à 30 %, jeudi 21 septembre 2023, soit une hausse de 500 points de base. Alors qu’Ankara continue sa guerre contre une inflation à deux chiffres.
La décision de la Banque intervient à la suite d’une série de hausses de taux si douloureuses pour les Turcs. C’était inévitable pour la Turquie qui s’efforce de remédier à plusieurs années de flambée des prix et de dépréciation spectaculaire de la monnaie, elle-même résultat d’une politique monétaire obstinément laxiste.
Ainsi, la lire a perdu 30 % de sa valeur par rapport au dollar depuis le début de l’année et 78 % de sa valeur par rapport au billet vert au cours des cinq dernières années.
Déjà en juin, la Turquie a relevé son taux d’intérêt directeur pour la première fois depuis plus de deux ans. Avec des responsables politiques qui avaient promis de mettre en œuvre l’orthodoxie économique pour redresser la situation en matière d’inflation.
Cette discipline veut que les taux soient relevés pour freiner cette spirale. D’ailleurs, Erdogan est connu comme un ennemi déclaré des taux d’intérêt. La Turquie a régulièrement abaissé son taux directeur de 19 % fin 2021 à 8,5% en mars 2023. Alors que l’inflation grimpait en flèche, atteignant 80 % fin 2022; avant de redescendre à un peu moins de 40 % en juin.
Après s’être engagée sur la voie de la hausse, la Banque centrale de Turquie a déclaré, en juillet 2023, que son objectif est de ramener l’inflation à 5 % à moyen terme. Par rapport aux niveaux actuels, il s’agit bien d’une cible ambitieuse. Le dernier chiffre fait état d’un indice des prix à la consommation de 59 % fin août.
Guerre tous azimuts
Par conséquent, la révision des taux d’hier a été fortement appréciée par les marchés. Elle prouve un encouragement supplémentaire quant à l’engagement des décideurs politiques à s’attaquer sérieusement au problème de l’inflation. In fine, le régulateur fait maintenant ce que beaucoup d’investisseurs espéraient. Il a relevé les taux de 2 150 points de base en si peu de temps.
Cependant, il reste encore beaucoup à faire en matière de resserrement. Il y aura, au moins, 15 % à 20 % additionnels d’ici la fin de l’année selon les plus optimistes. Cette action sera combinée avec un resserrement budgétaire et des mesures macro-prudentielles. Seule cette recette pourra commencer à rendre la détention de la lire intéressante.
C’est un exercice ardu pour la Banque centrale. Socialement, les turcs souffrent. Compte tenu du salaire minimum de 8 500 lires (988 dinars), ils ne peuvent plus s’offrir un peu de luxe. La hausse des prix a considérablement affecté les habitudes alimentaires et d’achat des gens. Si Erdogan a réussi le pari des élections présidentielles, il doit maintenant redresser l’économie du pays.