Parle-t-on assez des personnes handicapées dans les médias en Tunisie? Comment ces dernières sont évoquées? Deux questions essentielles qui ont fait l’objet d’une étude menée sous la houlette du bureau de l’UNESCO à Tunis et présentée dans le menu détail par un groupe de recherche.
Le droit à l’information est un droit sacré. Une exigence même dans une société démocratique. Il a trait à la société dans son ensemble. Les personnes handicapées sont évidemment concernées. Mais quelle est, en la matière, la situation en Tunisie?
Pour répondre à cette question, le bureau de l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) a présenté, le 25 septembre 2023, dans un grand hôtel de Tunis, les résultats d’une étude réalisée par un groupe de recherche conduit par Sadok Hammami, professeur en sciences de la communication à l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI) de Tunis.
Des études comparatives
Une étude qui a ratissé large, interrogeant un ensemble de personnes concernées par la question : journalistes, responsables des médias, représentants de la société civile, etc. à travers des focus groupes et des entretiens semi-directifs. Comme l’étude a procédé à l’analyse de contenu de documents de référence et à des études comparatives concernant des expériences dans le monde.
Avec des résultats qui dessinent le vécu de l’information relative aux personnes handicapées et à leur accès à l’information. Pas moins d’une vingtaine de constats ont été mis en exergue. Ils montrent, tous, souvent des défaillances et des travers qu’il faudra sans doute corriger afin que l’information sur les personnes handicapées soit traitée comme il se doit. En respectant leur dignité, la place qu’elles occupent dans la société et les règles de l’éthique et de la déontologie journalistique.
De bonnes pratiques
Ainsi, cette information est souvent rare, ne paraissant dans les colonnes des journaux ou encore dans les écrans de télévision qu’à l’occasion de rendez-vous comme la “Journée mondiale des personnes handicapées“ (3 décembre).
Les contenus font, par ailleurs, apparaître une bonne dose de pitié à l’égard de ces personnes. Les concepts utilisés ne sont pas toujours de bon aloi; il arrive même qu’ils touchent à la dignité des personnes handicapées.
Défaillance encore au niveau du langage des signes lorsque des messages sont traduits pour elles à la télévision. C’est pour corriger ces travers que le groupe de chercheurs qui a mené l’étude a conçu un guide à l’intention notamment des journalistes qui sont les principaux acteurs dans ce domaine. Afin de les aider donc à mieux mener à bien leur travail lorsqu’il s’agit évidemment de parler des personnes handicapées. Ce dernier renfermant les bonnes pratiques.
L’événement a donné lieu à un large débat dans lequel se sont exprimées des personnes handicapées. Elles ont confirmé les résultats de l’étude. Mettant en exergue le fait que les médias ne constituent pas leur source principale d’information. Mais tout en déclarant qu’un effort bien particulier a été réalisé par les médias tunisiens – notamment la télévision – au cours de la crise de la Covid-19. Il n’a pas malheureusement duré!