On se croirait dans les années 80, au moment où tout mot à peine déplacé à l’égard d’un régime dans pays africain se soldait immédiatement par sa censure. Eh bien, au Burkina Faso –mais aussi au Mali et au Niger- c’est ce passé qui resurgit. La dernière victime n’est autre que notre confrère Jeune Afrique.
Jeune Afrique –encore lui- dont la diffusion vient d’être suspendue par la junte au pouvoir au Burkina Faso, qui l’accuse « … de jeter le discrédit sur l’armée », rapporte le Parisien.
En effet, l’hebdomadaire africain aurait fait état des tensions au sein de l’armée burkinabé. Ce qui est considéré par les militaires au pouvoir à Ouagadougou comme une sorte d’appel à la rébellion. Bien entendu, Jeune Afrique n’a pas manqué de dénoncer « une censure d’un autre âge ». Oui, parce que des censures, le journal en a connues par le passé, et pratiquées dans tous les pays du continent sans exception, de Tunis à Libreville en passant par Abidjan, Conakry, Bamako, Niamey, Brazzaville, N’Djamena, etc.
L’hebdomadaire s’ajoute ainsi à RFI, France 24 et bien d’autres médias à la liste des médias suspendus par la junte burkinabé. « Le Burkina Faso a annoncé lundi soir (25 septembre 2023, ndlr) la suspension de tous les supports de diffusion du média français (journal papier, site Internet) après la parution d’articles évoquant des tensions au sein de l’armée ».
Vous avez bien saisi la subtilité des mots employés par les militaires : « journal français ». Or, certes il est basé à Paris, mais Jeune Afrique est un hebdomadaire international. Mais vous aurez compris le pourquoi.
De plus, pour justifier cette suspension, le gouvernement burkinabé fait état de la diffusion d’ »un nouvel article mensonger sur le site du journal Jeune Afrique, intitulé : Au Burkina Faso, toujours des tensions au sein de l’armée » paru lundi 25 septembre.
Voilà que l’Afrique des années 80’ est revenue en 2022-2023 : coup d’Etat, censures des médias, emprisonnement d’opposants, liberté d’expression bâillonnée, alliance avec des pays dits de l’Est (Russie, Chine)…
Alors, à quand une Afrique majeure et vaccinée?