Nos voisins du Nord continuent à percevoir la question migratoire sous l’angle sécuritaire. Cela ne peut plus marcher. D’une manière plus générale, le monde change, et les Européens le comprendront tôt ou tard à leurs dépens.
On a beau chasser le naturel, il revient toujours au galop. Nos voisins du Nord ne perdent pas, comme on dit, le Nord. La question migratoire les préoccupe et ils ne cessent, contre vents et marrées, de la poser sous un angle sécuritaire. En usant assez souvent de moyens pas toujours orthodoxes pour faire plier les dirigeants du Sud auxquels ils ont à faire.
Tout le monde se souvient, à ce niveau, de ces déclarations européennes quant à un certain « effondrement » économique de la Tunisie afin que l’on lâche du lest sur leurs exigences et revendications concernant leur vision de la migration. On a vu ces mesures punitives de la France en matière de réduction du nombre de visas.
Aveuglement
Bien évidemment il n’y a pas eu d’« effondrement » et les Français ont décidé de revenir sur leurs décisions en matière de visas ; même s’ils louvoient en limitant dans les faits le nombre des visas par des procédures administratives qu’ils expliquent par le fait qu’un manque de personnel ne leur permet pas de faire face aux demandes qui leur parviennent.
Et peu importe les mécontentements que l’on peut manifester à l’égard de leurs faits et gestes. Ils ont une ligne et ils la tiennent. Refusant de comprendre notamment que les autres ont aussi des intérêts à défendre et aussi des droits et une opinion publique qui leur demande –aussi- des comptes. Comme ils négligent le fait que les gouvernants du Sud négocient, comme eux, des élections et ont à satisfaire des électeurs. Un aveuglement qui explique aujourd’hui –du moins en partie- la tension qui caractérise les relations avec des pays du Maghreb. Des tensions qui, on ne cesse de le voir, prennent de l’ampleur.
Jouer avec le feu
Un comportement qui oblige, force est de le constater, les gouvernants maghrébins d’agir de la même manière avec laquelle ils sont traités. Et à bien regarder l’évolution de certaines crises, on comprend bien que les Européens jouent avec le feu. Car, fonctionner comme on le faisait il y a quelques décennies, voire des années, cela ne marche plus. Et plus du tout. Une crise grave longue et permanente est à envisager. On voit déjà une certaine fermeté –pour ne pas dire plus- dans les réactions de dirigeants du Sud. La migration change, par ailleurs, d’aspect : elle renferme des compétences dont l’Europe a bien besoin. Les faits le montrent du reste.
Et impossible de croire qu’un nouveau monde est en train de s’installer. Les derniers développements de l’été 2023 en Afrique à l’égard de la France ne peuvent être pris à la légère !