Chaque jour qui passe amène son lot de mauvaises nouvelles pour Vlodymyr Zelenski et son gouvernement. Dans l’état désastreux où se trouve l’Ukraine, il est peut-être en train de se mordre les doigts d’avoir laissé passer l’occasion de paix qu’avait très brièvement offert l’accord d’Istanbul avec la Russie en mars 2022. Peut-être est-il consumé par le regret d’avoir choisi la confrontation plutôt que la négociation.
On se rappelle qu’après juste un mois d’affrontements, Russes et Ukrainiens avaient conclu un accord de paix selon lequel l’Ukraine retrouverait son statut de pays neutre et le Donbass bénéficierait d’un statut de zone autonome dans le cadre de l’Etat ukrainien. Mais Washington et Londres, qui ne voulaient pas rater « la belle occasion » de faire subir à la Russie en Ukraine le sort de l’Union soviétique en Afghanistan, ont forcé Zelenski et son gouvernement à ignorer l’accord d’Istanbul et à continuer la guerre.
Près de vingt mois après, l’Ukraine est au bord de l’effondrement, l’économie russe est plus forte qu’avant la guerre et les boutefeux occidentaux sont à court d’armes et d’argent pour poursuivre leur guerre par procuration contre la Russie.
Outre les mauvaises nouvelles qui viennent quotidiennement du front, Zelenski est confronté aux fractures observées dans la coalition occidentale de soutien à l’Ukraine. Le litige avec la Pologne au sujet du blé ukrainien a évolué en crise ouverte entre les deux pays. Le président ukrainien accusa Varsovie de « faire le jeu de la Russie ». En réponse, le Premier ministre polonais a affirmé que « Zelenski est dangereux parce qu’il est en train de se noyer et veut noyer avec lui ceux qui tentent de le secourir… ». Plus concrètement, la Pologne, qui était le plus fervent soutien de l’Ukraine, décide subitement d’arrêter son aide à l’Ukraine.
Une autre mauvaise nouvelle est venue en ce début d’octobre de la Slovaquie. Le parti qui vient de gagner l’élection et qui s’apprête à gouverner a fait sa campagne électorale sur le thème de « la nécessité d’arrêter toute aide à l’Ukraine ». Un résultat électoral significatif de l’état d’esprit qui prévaut dans les pays européens dont les dirigeants continuent d’obéir obséquieusement aux ordres venus de Washington.
Plus inquiétant encore pour Zelenski et son gouvernement, Washington et Londres, les deux plus fervents et généreux soutiens à la guerre, sont à court d’argent et d’armement à fournir à leur allié.
« Les États-Unis seront à court d’argent pour payer les salaires et les services du gouvernement ukrainien au cours du mois prochain si le Congrès n’autorise pas davantage d’aide à l’Ukraine », a rapporté le Wall Street Journal, dans son édition du 3 octobre.
Il est à rappeler ici que les États-Unis payent les salaires de 150 000 fonctionnaires ukrainiens. Un programme de soutien américain connu sous le nom d’aide budgétaire directe, fournie par l’intermédiaire de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) et de la Banque mondiale. Celle-ci a déboursé depuis le début de la guerre 23,4 milliards de dollars à l’Ukraine dans le cadre de ce programme.
Mais si le Congrès refuse d’élever encore une fois le plafond de la dette américaine (qui s’élève déjà à 34 000 milliards de dollars), pas seulement les fonctionnaires ukrainiens ne seront pas payés, mais les millions de fonctionnaires américains aussi…
Londres, l’autre grand fournisseur d’aide, n’est pas dans une meilleure situation. Selon le quotidien The Daily Telegraph qui cite « une source militaire britannique de haut rang », le Royaume-Uni est à court d’équipements militaires qu’il pourrait fournir à l’Ukraine : « Nous avons donné à peu près tout ce que nous pouvions nous permettre (…) Ce dont l’Ukraine a besoin maintenant, ce sont des moyens de défense aérienne et des munitions d’artillerie, et nous sommes à court de tout cela », a déclaré la source anonyme au journal.
Pourtant, il n’y a pas longtemps, Ben Wallace, qui a démissionné de son poste de secrétaire à la Défense le mois dernier, exhortait le Premier ministre Rishi Sunak à débourser des milliards de livres sterling supplémentaires « afin que la Grande-Bretagne puisse dépasser l’Allemagne en tant que principal soutien de l’Ukraine en Europe » !
Zelenski n’a qu’à s’en prendre à lui-même. Il s’est laissé manipuler contre les intérêts de son pays par le président américain Joseph Biden et l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson qui, dans leurs rêves fous, voulaient faire de l’Ukraine le bourbier qui engloutirait Poutine et son gouvernement et la Russie et son économie. Le coup de boomerang est destructeur pour l’Ukraine et assommant pour les apprentis-sorciers qui l’ont instrumentalisée.
L’épuisement financier des puissances occidentales et leur fatigue de plus en plus perceptible de porter le fardeau ukrainien sont-ils l’ultime espoir de voir la fin de cette guerre insensée ?