Aujourd’hui, le monde avance à grands pas. Il en va de même des équilibres géostratégiques qui sont en pleine mutation.
Elyes Kasri, analyste politique et ancien ambassadeur, dresse un état des lieux des équilibres géostratégiques où il fait le constat via son analyse que la Tunisie se trouve affaiblie par « une décennie d’euphorie révolutionnaire messianique et une transe socioéconomique qui a réussi à pervertir tous les slogans de création d’emplois, de justice sociale, d’indépendance de la justice, de lutte contre la pauvreté jusqu’à l’indépendance et la souveraineté nationale pour aboutir à leur contraire ».
Il précise à cet effet: « De modèle de démocratie, la Tunisie est actuellement considérée dans le monde développé et en développement comme un contre-modèle et un exemple de gaspillage de ressources économiques, humaines et diplomatiques.
Le plus déconcertant, c’est que de supposés connaisseurs en affaires internationales se mettent à prendre la diplomatie pour de l’invective et de la braillardise en prétendant qu’ainsi la Tunisie, pourtant épuisée par une décennie de mauvais choix politiques, économiques et diplomatiques, pouvait se permettre des positions conflictuelles qui ne font qu’exacerber son isolement et réduire les opportunités de sortie de crise en dépit des cris de victoire pour des mesures provisoires et insoutenables dans la durée ».
Avant d’ajouter: « Dans une société saine, la diplomatie devrait procéder à une lecture sereine et objective des équilibres internationaux à court, moyen et long terme pour servir les intérêts nationaux sous une équation de moindre coût et de maximum de bénéfices.
Les voix stridentes prétendant qu’un ton chamailleur et défiant refléterait mieux l’orgueil national oublient que ces bravades sont en fait très anciennes et évoquent celles de Ahmed Choukairi, Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi et Hugo Chavez, pour ne citer que ces dirigeants qui ont mené leurs peuples à la perte et à la désolation ».
En résumé, il conclut que le problème en Tunisie, « c’est qu’en reniant l’histoire, on se condamne à répéter ses tragédies ». Tout en affirmant: « Il faut reconnaître que le jeu des chaises musicales dans les sphères politiques et administratives a de quoi donner le tournis et faire saliver les opportunistes qui semblent représenter le premier groupe social et politique en Tunisie ».