La Pologne et la Hongrie ont bloqué vendredi 6 octobre 2023 une déclaration symbolique de l’Union européenne sur l’immigration, mais d’autres dirigeants réunis lors d’un sommet en Espagne ont déclaré qu’ils poursuivaient néanmoins la révision des règles du bloc en matière de gestion des arrivées irrégulières.
Jusqu’à présent cette année, quelque 250 000 personnes sont arrivées au-delà des frontières habituelles vers l’UE, qui abrite 450 millions de personnes.
Rome, Madrid et Berlin ont exprimé leur inquiétude face à l’augmentation de l’immigration irrégulière, un sujet politiquement sensible à l’approche des élections régionales en Allemagne le 8 octobre, du vote national en Pologne une semaine plus tard et du scrutin parlementaire à l’échelle du continent en juin prochain.
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a accusé l’Allemagne et le chef de l’opposition polonaise de collaborer pour promouvoir de nouvelles lois européennes imposant des amendes aux pays qui refusent d’accueillir des personnes arrivant du Moyen-Orient et d’Afrique.
« La Pologne n’accepte pas que quelqu’un d’autre meuble notre maison », a déclaré Morawiecki. Son allié et leader anti-immigration hongrois, Victor Orban, a également accusé l’UE d’imposer un nouveau pacte migratoire.
Les désaccords sur la migration ébranlent l’unité du bloc
Sur les 27 pays membres de l’UE, 22 se sont mis d’accord cette semaine sur la manière de gérer l’immigration irrégulière en période d’arrivées exceptionnellement nombreuses, franchissant ainsi une étape vers la réforme des règles inefficaces en matière d’asile et de migration du bloc.
Le Parlement européen doit poursuivre les négociations sur l’accord, ce dont la cheffe de l’exécutif du bloc a déclaré vendredi qu’elle était convaincue qu’il aboutirait à un accord final.
« Nous pouvons en parler beaucoup, mais c’est en route maintenant », a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
La déclaration sur la migration en discussion pour le sommet de vendredi a pourtant été durcie au fil de sa préparation. Le projet, consulté par l’AFP, souligne notamment la nécessité de traiter l’immigration irrégulière « immédiatement et avec détermination » et d' »intensifier les renvois » de migrants irréguliers.
Elle affirme aussi la détermination de l’UE à nouer « des partenariats globaux mutuellement bénéfiques avec les pays d’origine et de transit », comme celui qui a été signé en juillet avec la Tunisie afin de faire baisser les arrivées de migrants en provenance de ce pays.
Ce protocole d’accord est pourtant l’objet de controverses, liées à des inquiétudes sur le respect des droits des migrants dans ce pays mais aussi à des critiques de certains Etats membres qui se sont plaints de ne pas avoir été assez impliqués dans sa négociation.
Les récentes déclarations du président tunisien, Kaïs Saïed, refusant et qualifiant de « dérisoires » les fonds européens ayant été alloués à son pays, ont encore alimenté les doutes sur ce partenariat.