La situation politique européenne montre un déséquilibre précaire entre l’axe franco-allemand et les alliés de Visegrád sur la question migratoire. Giorgia Meloni, la présidente du Conseil italien, a utilisé le sommet de Grenade pour réaffirmer la priorité de son gouvernement en matière de migration : lutter contre les passeurs. C’est ce qu’a révélé l’agence de presse italienne Ansa.it.
Ce qui fait que la rencontre très attendue entre Giorgia Meloni et le chancelier allemand Olaf Scholz a conduit à un semblant de trêve entre Rome et Berlin. Selon Giorgia Meloni, « Scholz est d’accord avec la stratégie italienne en Tunisie », en minimisant les objections allemandes concernant le respect des droits des migrants par le président de la République Kaïs Saïed.
Scholz, lors de la conférence de presse, a confirmé le rapprochement. « Avec Meloni, nous nous sommes compris, nous sommes pragmatiques, nous ne travaillons pas les uns contre les autres », a expliqué le chancelier, précisant que les financements des ONG ne dépendent pas de lui mais du Bundestag, c’est-à-dire du parlement.
Toutefois, les Allemands sont en effet très sceptiques quant à la proposition d’Ursula von der Leyen de consacrer 15 milliards de plus à la migration.
À Grenade, l’initiative de l’UE avec les pays africains sur le modèle tunisien a repris de la vigueur. Elle a été le moteur qui a réuni jeudi autour de la même table l’Italie, la Grande-Bretagne, l’Albanie, les Pays-Bas, la France et la Commission européenne en marge du sommet de la Communauté politique européenne.
Selon Meloni, c’est une stratégie sur laquelle tout le monde est d’accord. « Nous ne permettrons pas aux passeurs de décider qui entre dans l’UE », peut-on lire dans la déclaration de Charles Michel, annexée à celle de Grenade.
« Nous l’avons votée parce qu’elle améliore les règles, mais ce n’est pas notre priorité », a souligné la Première ministre. Qui n’a certainement pas la même urgence que les sommets de l’UE à approuver le paquet législatif : « Peu importe le temps que cela prendra, a-t-elle dit, une solution structurelle est nécessaire ». Celle-ci consiste à stopper les flux.
En somme, l’initiative de l’UE serait d’adapter le modèle tunisien à d’autres pays africains et cela semble s’affirmer de plus en plus.