Comme chaque réunion du FMI et de la Banque mondiale, les prévisions de la croissance mondiale sont mises à jour. Celles de la Tunisie ont été révisées comme suit :
– une croissance de 1,3% en 2023, de 1,9% en 2024 et de 2,6% en 2025,
– une inflation moyenne de 9,4% en 2023, 9,8% en 2024 et 5,6% en 2025,
– un déficit de la balance des transactions courantes de -5,8% en 2023, -5,4% en 2024 et -4,6% en 2025.
Trois principales conclusions peuvent être tirées de ces chiffres.
La première est qu’en 2023-2024, le secteur agricole va peser lourd sur la croissance. Les chiffres du premier semestre 2023 le confirment. La Tunisie est dans l’incapacité de résister aux conséquences désastreuses du réchauffement climatique. Cette année, nous avons payé cher la faible pluviométrie dans la campagne céréalière. Et comme nous n’avons pas réellement investi dans l’amélioration de nos conditions économiques, la Tunisie a statistiquement plus de chance de souffrir encore l’année prochaine que de s’en sortir.
Les prix mettent du temps à ralentir partout dans le monde, poussant les Banques centrales à poursuivre leur politique monétaire restrictive avec des taux d’intérêt élevés.
La seconde est que cela implique une insuffisance de production agricole, ce qui signifie que les prix des produits alimentaires devraient rester encore élevés, alors qu’ils ont la pondération la plus élevée dans l’indice des prix. C’est pour cette raison que le modèle du FMI table sur la hausse de l’inflation. De plus, les prix mettent du temps à ralentir partout dans le monde, poussant les Banques centrales à poursuivre leur politique monétaire restrictive avec des taux d’intérêt élevés. Le FMI anticipe ainsi une inflation mondiale de 6,9% en 2023 et 5,8% en 2024, soit 60 points de base de plus que prévu en juillet.
La troisième est que le taux d’intérêt ne baisserait pas en 2024. L’inflation sous-jacente persistera et la Banque centrale de Tunisie garderait son Taux directeur pour protéger le dinar. La bonne tenue de notre monnaie nationale contribuera à garder les équilibres extérieurs dans une année de remboursement record de dette extérieure.
L’économie tunisienne, essentiellement exportatrice, bénéficiera de la reprise des principales économies et enregistrera son meilleur taux de croissance en 5 ans.
Cela nous ramène à la quatrième conclusion, à savoir la bonne tenue de la balance des transactions courantes. Bien qu’elle soit toujours déficitaire, ses pertes (en pourcentage du PIB) sont les plus faibles depuis 2015. Comme il s’agit de la somme de la balance commerciale et de celles des revenus et des transferts courants, cette amélioration est le résultat de la bonne résilience attendue des transferts des tunisiens résidents à l’étranger d’une part, et la maîtrise du gap de la balance commerciale d’une autre part, en partie grâce à la bonne tenue du dinar.
Le cinquième et dernier enseignement est qu’à partir de 2025, lorsque l’inflation baisse significativement dans les principales économies et que les taux d’intérêt suivent la même trajectoire, la demande reprendra. L’économie tunisienne, essentiellement exportatrice, bénéficiera de cette reprise et enregistrera son meilleur taux de croissance en 5 ans. Sur le front interne, la baisse des taux donnera une bouffée d’oxygène au secteur privé.
Toutes ces projections montrent, encore une fois, que le pays n’est pas considéré comme défaillant, même à terme. Concentrons-nous donc sur les meilleures pistes pour construire une économie plus résiliente, pus intelligente et surtout plus efficace.