Le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé, mardi 10 octobre 2023, ses prévisions de croissance pour la Chine et la Zone euro. Tout en indiquant que la croissance mondiale restait faible et inégale.
Dans ses dernières Perspectives de l’économie mondiale, le FMI a laissé inchangée à 3,0 % sa prévision de croissance du PIB réel mondial en 2023. Mais il a abaissé sa prévision pour 2024 à 2,9 % par rapport à sa prévision de juillet de 3,0 %.
L’économiste en chef du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, a déclaré que l’économie mondiale continuait de se remettre de la COVID-19, de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique de l’année dernière, mais que des tendances de croissance divergentes signifiaient des perspectives « médiocres » à moyen terme.
M. Gourinchas a déclaré que les prévisions pointaient généralement vers un atterrissage en douceur. Mais que le FMI restait préoccupé par les risques liés à la crise immobilière en Chine, à la volatilité des prix des matières premières, à la fragmentation géopolitique et à une résurgence de l’inflation.
Une escalade majeure au Moyen-Orient affecterait l’économie mondiale
Un nouveau risque est apparu sous la forme du conflit actuel en Palestine occupée au moment même où les responsables de 190 pays se réunissaient à Marrakech pour les réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale. Cependant, il est apparu après la publication de la mise à jour trimestrielle des perspectives du FMI, le 26 septembre.
M. Gourinchas a déclaré à Reuters qu’il était trop tôt pour dire quel effet cette escalade majeure affecterait l’économie mondiale : « En fonction de l’évolution de la situation, il existe de nombreux scénarios très différents que nous n’avons même pas encore commencé à explorer. Nous ne pouvons donc pas faire d’évaluation à ce stade. »
Il a déclaré que le FMI surveillait la situation, notant que les prix du pétrole avaient augmenté d’environ 4 % ces derniers jours, reflétant les craintes d’une interruption de la production ou du transport du pétrole.
Une étude du FMI a montré qu’une augmentation de 10 % des prix du pétrole réduirait la production mondiale d’environ 0,2 % l’année suivante et stimulerait l’inflation mondiale d’environ 0,4 %, a-t-il poursuivi.
Une croissance plus forte est freinée par l’impact persistant de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de la fragmentation croissante; ainsi que par la hausse des taux d’intérêt, les événements météorologiques extrêmes et la diminution du soutien budgétaire, a précisé le FMI. La production mondiale totale en 2023 devrait atteindre 3,4 %, soit environ 3 600 milliards de dollars, soit un chiffre inférieur aux projections d’avant la pandémie.
Les perspectives à moyen terme sont « plus sombres », en particulier pour les économies émergentes, qui sont confrontées à un rattrapage plus lent du niveau de vie et à davantage de problèmes d’endettement, a estimé M. Gourinchas lors d’une conférence de presse. Même en 2028, le FMI prévoit une croissance mondiale de seulement 3,1 %.
« Il y a de l’incertitude. Il y a une fragmentation géo-économique, une faible croissance de la productivité et une faible démographie. Si vous réunissez tous ces éléments, vous obtenez un ralentissement de la croissance à moyen terme », a confié M. Gourinchas à Reuters.
L’inflation « inconfortablement élevée »
L’inflation a continué de baisser partout dans le monde en raison de la baisse des prix de l’énergie et, dans une moindre mesure, des prix des produits alimentaires; mais elle est restée trop élevée. Elle devrait chuter à une moyenne annuelle de 6,9 % en 2023, contre 8,7 % en 2022, et à 5,8 % en 2024.
L’inflation sous-jacente, hors alimentation et énergie, devrait baisser plus progressivement – à 6,3 % en 2023 contre 6,4 % en 2022, et à 5,3 % en 2024 – compte tenu du resserrement des marchés du travail et d’une inflation des services plus forte que prévu, a encore estimé le FMI.
« L’inflation reste inconfortablement élevée », a affirmé M. Gourinchas. Tout en avertissant : « Les banques centrales […] doivent éviter un assouplissement prématuré ».
Le FMI a déclaré que l’incertitude s’était réduite depuis ses prévisions d’avril, mais qu’il y avait encore plus de risques à la baisse qu’à la hausse pour 2024. La probabilité que la croissance tombe en dessous de 2 % – ce qui ne s’est produit que cinq fois depuis 1970 – est désormais estimée à 15 %, contre 25 % en avril.