La mer Méditerranée est au centre de nombreuses réflexions des défis géopolitiques, notamment le mouvement de territorialisation des océans, ainsi que les changements océaniques. C’est en partie une des principales synthèses du Forum mondial de la mer du 22 septembre 2023 et qui s’est déroulé à Bizerte.
Cette 6ème édition du Forum de la mer a offert une nouvelle fois l’occasion de se livrer à un exercice singulier mais non moins important sur la rive sud de la Méditerranée. En effet, après avoir réuni les parties prenantes et en capitalisant sur les échanges conduits par les experts du groupe « Océan 2050 », il était important de rappeler la nécessité d’être à la technologie de pointe face aux transformations immédiates, engagées, courageuses et multilatérales en vue de la reconquête de la bonne santé de l’océan.
Défis géopolitiques, parlons-en !
Dans le contexte actuel, les océans sont de plus en plus sujets à des transformations rapides et imprévisibles, créant des tensions géopolitiques. Il y a un réarmement naval et un mouvement de territorialisation des océans. Les marines sont appelées à contribuer à la compréhension de ces évolutions, à lutter contre les trafics et à soutenir les populations en cas d’événements climatiques extrêmes.
De ce fait, les changements océaniques auront un impact sur les ressources, accentuant les tensions. Il est crucial d’anticiper les crises et de favoriser la coopération multilatérale. Le développement d’outils comme un jumeau numérique de l’océan est essentiel. Les banques publiques de développement ont un rôle clé à jouer en alignant leurs actions sur les Objectifs de Développement Durable. La réforme des systèmes financiers internationaux, liée à la performance environnementale des nations, est nécessaire.
En somme, les partenariats publics-privés impliquant toutes les parties prenantes sont essentiels pour relever les défis géopolitiques et environnementaux. Car il est temps de considérer les océans non seulement comme des espaces géopolitiques stratégiques, mais aussi comme des systèmes complexes au cœur des équilibres naturels et potentiellement pacificateurs.
Même si les défis géopolitiques sont de taille, cela n’empêche que sur le plan national, notamment dans la région de Bizerte, il est important d’avoir une approche coordonnée sur les plans politique et financier dans le domaine maritime. Ainsi l’exercice de prospective mené par le Plan Bleu à l’échelle méditerranéenne permet de décrire une région caractérisée par un climat qui pourrait connaître un réchauffement de +2,2 °C, un vieillissement global de la population, une stagnation de la pêche industrielle et une croissance de la production aquacole.
De nombreuses espèces endogènes pourraient avoir disparu en raison des pressions anthropiques et du changement climatique. De même, les déversements plastiques pourraient être de 2 à 3 fois supérieurs et la quasi-totalité de la population autour du bassin pourrait souffrir de pénuries d’eau.
Sur cette base, le Plan bleu travaillera sur plusieurs sous-régions ou pays volontaires pour approfondir des scénarios de prospective et en présenter les conclusions lors d’une prochaine réunion du groupe d’experts Océan 2050.
A cet égard, l’UpM a lancé le partenariat Blue Med dans le but d’améliorer les infrastructures maritimes et de renforcer le potentiel maritime pour faire face aux trois crises majeures : le climat, l’environnement et l’économie.
En résumé, à l’échelle méditerranéenne, au problème climatique s’ajoute celui de la pollution plastique déjà abordée dans la Convention de Barcelone. Au final, le forum insiste sur la nécessité de réduire drastiquement l’usage de plastiques, d’interdire l’usage de plastiques et additifs toxiques, de mettre en place un système de responsabilité élargie des producteurs au niveau méditerranéen et de soutenir l’économie circulaire.