S’il y a un sujet consensuel en Tunisie, c’est bien le soutien inconditionnel à la cause palestinienne. Les mesures concrètes officiellement prises pour venir en aide aux Palestiniens de Gaza en sont la preuve.
Contrairement à l’atermoiement de certains pays arabes ayant normalisé avec l’Etat hébreu et dont les réactions face à l’offensive du Hamas contre Israël évoluent en fonction des liens entretenus avec Tel-Aviv, tout en composant avec leurs propres opinions publiques en majorité très sensibles au drame des Palestiniens; la position officielle de la Tunisie, au diapason avec la rue toute acquise à la cause palestinienne, fut claire, précise et sans ambigüité aucune. Il faut bien le reconnaitre et s’en réjouir.
Actions concrètes
Ainsi, en sus de la centrale syndicale, dont le SG-adjoint Samir Cheffi a réclamé le lancement d’un pont aérien avec l’Egypte pour envoyer les aides au peuple palestinien, tout en annonçant l’organisation d’une manifestation nationale jeudi 12 octobre courant en signe de solidarité avec le peuple frère, la présidence de la République se fendit d’un communiqué dimanche 8 octobre, au deuxième jour de l’offensive de Hamas contre Israël, pour invoquer le « soutien inconditionnel de la Tunisie au peuple palestinien ». Un hommage rendu à la résistance palestinienne; sans toutefois nommer le Hamas.
« Il ne suffit pas de faire paraitre les communiqués et d’afficher des positions, il faudrait un soutien réel. Le soutien aux Palestiniens ne doit pas s’arrêter aux déclarations ». Ainsi, s’exclama le président de la République, Kaïs Saïed, en présidant lundi dernier au palais de Carthage une séance de travail à laquelle participaient le chef du gouvernement, Ahmed Hachani, les ministres de la Défense nationale, des Affaires étrangères, des Affaires sociales, de la Santé, Ali Mrabet, ainsi que le ministre conseiller du président de la République, Mustapha Ferjani, et le président de l’Organisation du Croissant-Rouge tunisien, Abdellatif Chabou.
A l’issue de la réunion, des aides concrètes furent évoquées, notamment l’envoi de médicaments, de sang, de matériel chirurgical et de groupes électrogènes. Surtout après que l’électricité a été coupée sur une grande partie de la bande de Gaza. Ainsi que la possibilité de transférer des blessés palestiniens vers la Tunisie; outre l’éventualité de l’envoi d’un personnel médical et paramédical spécialisé vers la bande de Gaza.
« Résistance légitime »
Ne résistant pas au plaisir de donner une leçon d’histoire, le Président a tenu à rappeler que « le monde entier ne doit pas oublier les massacres perpétrés par l’ennemi à Al-Dawayima, dans la ville d’Al-Sheikh, à Deir Yassin, à Kafr Qasim, à Khan Yunis, à la mosquée Al-Aqsa, à la mosquée Ibrahimi et ailleurs. Il ne doit pas non plus oublier les milliers de personnes qui ont été déplacées de leur maison et privées de leur terre. Le monde doit se souvenir de ces dates et reconnaître le droit à une résistance légitime à l’occupation et ne pas considérer cette résistance comme une agression ou une escalade ».
Et de marteler : « L’opinion publique internationale ne peut pas oublier la prison humaine à ciel ouvert que la Palestine est devenue, à cause d’années de siège, les milliers de victimes civiles, les familles, les enfants tués chaque jour dans l’indifférence la plus absolue. »
Un registre lexical « pervers »
D’autre part, dans la vidéo publiée par la présidence de la République sur sa page FB, les médias occidentaux « qui essayent d’induire l’opinion publique internationale en erreur » en ont pris pour leur grade.
« Il est en effet saisissant d’observer les débats médiatiques occidentaux qui, soi-disant, analysent les événements actuels. Des plateaux TV dans lesquels l’absence de personnes s’exprimant au nom des Palestinien est flagrante. Même lorsqu’elles sont discrètement présentes, elles sont diabolisées et rapidement acculées au silence », déplorait le chef de l’Etat.
Kaïs Saïed a par ailleurs vivement dénoncé le discours médiatique de certains médias occidentaux « qui usent volontiers d’un registre lexical pervers dans le but d’escamoter la Palestine de l’inconscient collectif arabe ». « Même au niveau des termes, nous pouvons voir à quel point le mouvement sioniste s’est infiltré dans les médias », a-t-il encore constaté.
« Des animaux humains »
Notons enfin que dans une déclaration fracassante, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant avait menacé : « Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence : pas d’électricité, pas de nourriture, pas de gaz, tout est fermé ».
Des propos qualifiés par l’organisation Human Rights Watch dans un post publié hier mardi sur les réseaux sociaux de « répugnants », ainsi qu’ « une invitation à commettre des crimes de guerre ».