Il est de retour là où on l’attendait le moins, mais là où il peut tout aussi bien servir l’économie nationale et, partant, cette Tunisie éternelle conquise pour toujours par une entreprise devenue une marque nationale ouverte à tous les âges, à toutes les passions, à tous les goûts et à tous… les palais.
Ilyes Fakhfakh, ancien ministre post révolution – Tourisme, Finance – avant de se voir introniser chef de gouvernement par le président Kaïs Saïed, vient d’être appelé à la rescousse de la Société de fabrication des boissons de Tunisie, la SFBT. Quatre lettres gravées dans le marbre qui désignent une entreprise phare, sans doute l’une des plus emblématiques de notre appareil productif. Son histoire se confond avec celle du pays.
Ilyes Fakhfakh succède à feu Hammadi Bousbiaa, autre figure emblématique de l’entrepreneuriat tunisien, qui avait réussi à propulser la société au sommet de la hiérarchie des fabricants de boissons. La SFBT trône sur les premières marches de l’industrie agroalimentaire. Sa capitalisation boursière est de l’ordre de 3,2 milliards de DT, pas loin de 3% du PIB du pays. Dans cette vaste aventure humaine, le capitaine au long cours qu’était Hammadi Bousbiaa, visionnaire de son état, ne s’est jamais départi des services de son éternel second, Mustapha Abdelmoula, promu à la faveur des nouvelles désignations à la présidence du Conseil d’administration. Il était tout aussi attentif aux attentes de ses associés et de son partenaire de référence aux visées tout aussi lointaines.
Ilyes Fakhfakh à la tête de la SFBT, ce fleuron de l’industrie tunisienne, c’est à l’évidence une nouvelle étape qui s’annonce dans la marche de ce vaste conglomérat à la lisière de l’ancien et du nouveau monde. C’est plus qu’un changement dans la continuité, en dépit de la stabilité de l’actionnaire de référence et de la technostructure qui gravite autour du staff managérial. Ilyes Fakhfakh a fait ses classes à l’international au sein de FMN avant d’atterrir à Tunis à la tête d’une entreprise au cœur des chaînes de valeur mondiales, filiale elle-même d’un groupe pleinement inscrit dans une logique industrielle. Il saura donner une nouvelle impulsion à cette entreprise, adoubée par sa communauté de clientèles. Il a de réelles qualités managériales et un leadership à faire rêver les jeunes entrepreneurs pour propulser le vaisseau, ce navire amiral de l’agroalimentaire tunisien, bien au-delà de nos eaux territoriales, tout en consolidant ses positions sur le marché national. Il a le pied marin et sait naviguer par tout temps sans jamais se détourner de son cap. Homme des situations difficiles, il est en permanence dans le mouvement, dans l’action, même quand il est dans la réflexion. Ses passages de l’entreprise à la politique et de la politique à l’entreprise n’entament en rien son entrain, son enthousiasme, sa détermination souvent jusqu’à l’obstination. L’idée que cette migration puisse provoquer au passage des dommages collatéraux à cause d’éventuels conflits d’intérêts vrais ou supposés ne lui vient même pas à l’esprit, investi qu’il est à chaque fois dans ses nouvelles fonctions. Où qu’il se trouve, il se veut utile et tout aussi exemplaire dans sa conduite et dans sa manière d’atteindre ses objectifs. Utile, voire nécessaire, comment en serait-il autrement pour celui qui fut ministre du Tourisme, des Finances et chef du gouvernement dès lors qu’à la tête de la SFBT, il fait office du principal sinon du premier contributeur fiscal de l’État, au même titre que les compagnies pétrolières.
L’ancien ministre des Finances va goûter au charme peu discret de la fiscalité dont il se faisait l’avocat. Il va piloter désormais une entreprise pas comme les autres. Car au-delà de l’impératif de compétitivité et de responsabilité sociale et sociétale, la SFBT concourt au bien-être individuel et collectif, au bonheur et à la qualité de vie des Tunisiens, qui ont toujours fait bon ménage avec une entreprise à la proximité légendaire. Et c’est peu dire n H.M. Il est de retour là où on l’attendait le moins, mais là où il peut tout aussi bien servir l’économie nationale et, partant, cette Tunisie éternelle conquise pour toujours par une entreprise devenue une marque nationale ouverte à tous les âges, à toutes les passions, à tous les goûts et à tous… les palais.
Cet article est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n879 du 11 au 25 octobre 2023