Les grandes orientations et les principales mesures du projet de loi de finances 2024 (PLF 2024) ont été présentées lors des travaux du Conseil national de la Fiscalité, tenu le 27 septembre à Tunis. Pour la ministre des Finances, Sihem Boughdiri, qui a présidé cette réunion « en dépit des pressions exogènes sur les finances publiques, l’Etat tunisien œuvrera à travers cette loi à gérer les déséquilibres financiers ». Entendre par là que la politique de rigueur suivie en 2023 sera poursuivie en 2024, avec quelques nuances. Pour reprendre le rhétorique du communiqué officiel publié à l’issue de la réunion du Conseil, les dispositions du PLF 2024 prévoient, pêle-mêle, la poursuite du soutien à l’entreprise économique, l’impulsion de l’investissement, l’appui de l’économie verte et du développement durable (adaptation au réchauffement climatique, énergies renouvelables…), la lutte contre l’évasion fiscale, la mise en place de plus de garanties au profit des contribuables…
Pour l’expert économique Ezzeddine Saidane, personne n’a d’idée précise sur les caractéristiques du projet de budget de l’État pour 2024. Sera-t-il un budget de sauvetage économique, un budget de développement ou juste un document comptable comme les dernières années ? Autant de questions qu’il se pose et dont il dit ne pas avoir vraiment de réponses.
Avant de parler loi de finances 2024, comment peut-on boucler celle de 2023 ?
La question se pose du moment qu’on n’a pas encore de loi de finances complémentaire. C’est vrai qu’au jour d’aujourd’hui, on n’a pas encore de loi de finances complémentaire, mais il y en aura obligatoirement une. Cela a été déjà annoncé par la ministre des Finances au mois de mai. Rappelons que pour les dernières années, la loi de finances complémentaire a été présentée à la dernière minute, juste pour ajuster les chiffres. Il faut savoir, à ce propos, qu’une loi de finances complémentaire ne veut pas dire clôture du budget. A titre d’exemple, le budget de 2022 n’est toujours pas clôturé, de même que celui de 2021. Celui de 2023, très probablement lui aussi ne sera pas clôturé. Je le dis tout de suite, on est très, très loin des prévisions en matière de mobilisation des ressources extérieures notamment. On est, aussi, très loin des prévisions en matière de croissance.
L’Etat a toutefois réussi à limiter les dépenses. Cela peut-il aider à boucler le budget ?
Il se passe des choses un peu difficiles à comprendre au niveau des dépenses de l’Etat, notamment en ce qui concerne la Caisse de compensation. Apparemment, l’Etat importe beaucoup moins que ce qui est nécessaire et même prévu, ce qui permet de réduire, entre guillemets, les dépenses de la Caisse de compensation. Cela ne permettra pas, toutefois, de boucler le budget. Pour y parvenir, il faut beaucoup plus que cela. Prenons, par exemple, les ressources extérieures prévues dans la loi de finances : il s’agit de 15 milliards de dinars. Nous n’avons mobilisé jusque-là que 2,7 milliards de dinars. L’écart est assez grand, et ce n’est pas la réduction des dépenses de la Caisse de compensation qui fera la différence.
Extrait de l’interview qui est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 879 du 11 au 25 octobre 2023