Les assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale se sont achevées samedi dernier. Et ce, dans un contexte marqué par de nouvelles violences au Moyen-Orient. Les discussions menées à Marrakech ont porté sur : les perspectives d’une économie mondiale surendettée; l’inflation; l’écart de richesse croissant entre les pays riches et pauvres; et l’échec des efforts déployés pour lutter contre le changement climatique. Les principaux enseignements sont au nombre de cinq.
Les nouvelles perspectives du FMI prévoient un ralentissement de la croissance économique mondiale. Laquelle passerait de 3,5 % en 2022 à 3 % en 2023 et 2,9 % en 2024. Soit une baisse de 10 points de base par rapport à l’estimation précédente pour 2024.
Une économie mondiale en souffrance
Ainsi, l’inflation mondiale devrait passer de 6,9 % cette année à 5,8 % l’année prochaine, toujours élevée. Les banques centrales sont prêtes à mettre fin aux hausses de taux d’intérêt si les événements le permettaient. Toutefois, tout le monde espère que les prix pourront enfin être maîtrisés sans que l’atterrissage ne soit trop brutal.
Explosion de la dette dans les pays développés
Le fardeau de la dette des économies développées a été un thème récurrent des réunions. Les marchés sont en train de réévaluer la prime de risque à terme0 Les investisseurs devenant plus nerveux à l’idée de détenir des dettes à long terme.
La lutte contre le changement climatique est l’un des domaines où cette tension pourrait avoir des répercussions. Les politiques actuelles basées sur les subventions ne permettaient pas d’obtenir des émissions nettes nulles et leur augmentation ferait exploser la dette publique. Les pays auront donc besoin d’un nouveau mix-politique, avec la tarification du carbone au centre.
Des taux élevés tueront les économies en développement
Au-delà des grandes économies, la hausse des taux directeurs, la vigueur du dollar et les incertitudes géopolitiques s’ajoutent aux défis auxquels est confronté le reste du monde. Le dernier conflit en Palestine ne fera que mettre davantage de pressions et de défis pour des pays qui ne trouvent plus de pistes pour accéder aux financements.
Les taux d’intérêt élevés placeront certains emprunteurs dans une situation plus précaire. Le FMI estime qu’environ 5 % des banques dans le monde sont susceptibles de se trouver sous tension si ces taux restent élevés plus longtemps. Et que 30 % de banques supplémentaires seraient vulnérables si l’économie mondiale entrait dans une période prolongée de faible croissance et d’inflation élevée.
Guerre de positionnement
La guerre en Ukraine, le protectionnisme commercial croissant et les tensions entre les Etats-Unis et la Chine rendent plus difficile la recherche d’un consensus. En fin de compte, il n’y a pas eu suffisamment d’accord pour publier le communiqué final habituel à la fin des réunions.
Avant Marrakech, on a beaucoup parlé de la réorganisation du FMI et de la Banque mondiale afin de mieux refléter l’émergence d’économies telles que la Chine et le Brésil. Une proposition des Etats-Unis visant à renforcer le pouvoir de prêt du FMI, tout en reportant à plus tard l’examen des participations dans le Fonds a été largement soutenue. Le pacte annoncé samedi fait état d’une augmentation significative des quotes-parts d’ici à la fin de l’année 2023, mais ne donne guère d’autres détails.
La grande conclusion après une semaine de discussions est que les grandes économies se contentent de colmater les fissures. Malgré les milliards de dollars nécessaires pour lutter contre la pauvreté et le dérèglement climatique, il n’y a eu réellement aucun signe d’argent frais.