La question du droit des Palestiniens dans les relations internationales et la lutte pour leur libération nationale est complexe. Elyes Kasri analyste politique et ancien ambassadeur livre une analyse approfondie du conflit Palestino-israélien.
Il estime que la communauté internationale, en grande partie, reconnaît l’Autorité Palestinienne comme le représentant légal des Palestiniens. Pour aider le peuple palestinien, les États sont généralement tenus de coordonner leur assistance avec cette autorité. La résolution récente du Conseil des ministres de la Ligue des États Arabes (Le Caire, 11 octobre 2023) a appelé à la mise en œuvre de la formule des deux États, conformément au plan de partage de l’ONU de 1947 et aux résolutions 242 et 338 du Conseil de Sécurité, ainsi qu’aux initiatives de paix arabes.
Cependant, il met l’accent sur « toute surenchère mettant en cause le partage de la Palestine risque de renforcer l’extrême droite israélienne et de compromettre les efforts de paix. Les personnes qui pensent que l’affaiblissement d’Israël offre une opportunité pour mettre fin à la présence sioniste oublient que dans les moments de faiblesse apparente, Israël peut recevoir un soutien international inconditionnel. «
En ce qui concerne Hamas, Elyes Kasri part du constat qu’il existe des allégations selon lesquelles les autorités israéliennes ont joué un rôle dans sa création pour diviser les Palestiniens et donner une dimension islamiste à la cause palestinienne, mobilisant ainsi le soutien occidental. Il est important de soutenir la cause palestinienne de manière responsable, en évitant de discréditer les représentants légaux du peuple. La Tunisie, par exemple, a choisi une politique de libération par étapes en 1955, rejetant les interférences étrangères, et elle doit respecter les décisions de la direction palestinienne, qui fait face à de nombreux défis, y compris un ennemi implacable et des tensions avec certains pays arabes.
Et de conclure: « A trop vouloir soutenir une cause de libération nationale, aussi nobles soient les émotions et les intentions, on risque de l’affaiblir en donnant l’impression de discréditer et de délégitimer, par une surenchère voulue ou inconsciente, les représentants considérés légaux de ce peuple.
Comme la Tunisie a choisi en 1955, la politique de libération par étapes, en rejetant toute interférence amicale ou fraternelle étrangères, il lui incombe de respecter les décisions parfois amères de la direction palestinienne qui se trouve confrontée non seulement à un ennemi implacable appuyé par une propagande internationale redoutable, mais également aux coups de poignard des frères arabes et voisins persans par manque de coordination ou une surenchère qui relève plus de l’instrumentalisation que du soutien. »