Le mot “croisade” dans cet article n’est en aucun cas une métaphore. Mais bien un terme qui exprime l’état d’esprit général qui s’est emparé des médias américains et européens dès que la première balle des combattants du Hamas a atteint sa cible. Comme si quelqu’un, quelque part, avait appuyé sur le bouton pour faire démarrer la machine à broyer du Palestinien. Sauf que la croix du Moyen Âge a été remplacée par l’étoile dite de David, car il y a une autre étoile qui est symbolique de l’Islam.
Le bombardement des médias a donc précédé et la connaissance sur le terrain du nombre des morts israéliens et la décision officielle de l’Etat major d’Israël de bombarder Gaza et de la raser avant de l’occuper à nouveau certainement pour longtemps. Tout se passe comme si tout, sur le plan médiatique, a été préparé bien longtemps. Ce qui ne veut absolument pas dire que l’ampleur et la puissance de frappe du Hamas étaient prévues par les services israéliens, ni d’ailleurs la date. Et ce qui signifie que la guerre des mots et des images a été préparée bien avant. En témoignent, le fait que ce sont les mêmes mots, les mêmes concepts, les mêmes accusations et surtout les mêmes fake news.
Tout se passe comme si un état major médiatique, dans l’ombre, a donné le signal pour exécuter un plan précis conçu d’avance. Une sorte de chef d’orchestre, qui dirige un orchestre symphonique où chaque instrument joue sa partition avec une précision inouïe.
Sous la coupe des lobbys
Que ce soit à travers les médias français, américains, allemands, anglais ou encore hollandais, et d’autres pays qui appartiennent à l’OTAN, les mots utilisés, les concepts subitement inventés, les images diffusées, les lieux d’où diffusent les correspondants étrangers en Israël, les responsables militaires israéliens, les parents des personnes tuées dans l’attaque, sont les mêmes. Et pire encore, les questions posées par les journalistes à leurs invités semblent sortir d’un même registre préalablement établi. Et jusqu’au ton agressif des chroniqueurs et des pseudo-spécialistes qui est désespérément unique. Bref, cela ressemble à une mise en scène gigantesque à l’échelle planétaire, dont le metteur en scène doit être certainement quelque part en Israël, sans aucun doute.
On a vu les premières répétitions et la mise en branle de cette machinerie de guerre médiatique lors de l’attaque russe contre l’Ukraine. Soudain Poutine fût traité de criminel de guerre, d’assassin des femmes et des enfants, de nazis, d’ancien espion du KGB, évidemment de dictateur assoiffé de sang etc. Il suffit maintenant de remplacer Poutine par le Hamas et les Russes par les Palestiniens.
La propagande israélienne a ajouté au lexique guerrier une « innovation », les Palestiniens sont une espèce non animale mais au dessous même du singe, ancêtre primitif de l’homme, selon l’échelle darwinienne. Pour dire qu’ils faut les tuer impitoyablement comme on tue les espèces dangereuses pour l’être humain.
Dès que Netanyahu a prononcé ce qualificatif contre les Palestiniens, tous les médias, audiovisuels et écrits, l’ont repris à leur compte. Comme s’il s’agissait d’une nouvelle découverte scientifique inouïe. Un des thuriféraires des gouvernements israéliens et grand soutien de leurs politiques anti-palestinienne, sur une chaîne de news française qui a consacré tout son programme 24/24 pour défendre la cause sioniste, Bernard Kouchner pour le nommer, s’est même félicité de cette découverte « scientifique » de Netanyahu qui a bouleversé la théorie de Darwin. Sachant que le dit Kouchner, est médecin, ancien ministre des Affaires étrangères de la France, inventeur du concept « de l’ingérence humanitaire », qui a permis aux droit de l’hommistes de la terre entière de justifier l’anéantissement de l’Irak. Comme son concitoyen BHL, il a atteint le seuil de l’horreur en terme de criminalité intellectuelle. Jamais la France n’est tombée aussi bas en terme de propagande guerrière.
La raison de cette alignement total sur les positions et la stratégie médiatique et militaire de l’Etat d’Israël aux USA et en France est facile à comprendre. Car la majorité des médias occidentaux est la propriété des hommes d’affaires sionistes ou alliés des sionistes et pas forcément toujours juifs. Particulièrement en France, cette reprise en main et instrumentalisation des organes de presse et des médias audiovisuels a débuté surtout après le vote de la loi de l’annulation du monopole de l’Etat sur l’audiovisuel sous le premier quinquennat de Mitterrand. Depuis les grands patrons des grands médias sont membres du lobby ou au pire ses alliés.
Pour s’en convaincre il n’y a qu’à suivre le comportement des médias français à l’égard de Jean-Luc Mélenchon qui a osé dire non à l’invasion de Gaza par l’armée israélienne. Il sera interdit d’antenne pendant le temps qu’il faut, ses propos seront tous déformés. De même qu’il sera la cible d’attaques politiques de ses adversaires. Surtout que c’est l’un des rares politiques français qui pourrait passer au second tour des futures élections présidentielles. Et cela peut aller très loin jusqu’à lui fabriquer des dossiers pour le faire passer en justice afin de le discréditer.
Même le journal Le Monde, connu jadis pour son intégrité morale et journalistique, il y a belle lurette, est tombé dans l’escarcelle du lobby.
Il est maintenant certain que la grande presse israélienne, comme Haretz ou Idout Ahranout, ainsi que certains médias audiovisuels sont plus critiques et plus crédibles vis à vis de la guerre menée par Israël contre le territoire palestinien de Gaza que toute la presse occidentale réunie. Puisque l’opinion israélienne considère que le gouvernement d’extrême droite israélienne va finir par embourber Israël dans une aventure qui met en cause la sécurité de ce pays à court et à long terme. Car elle va réveiller les vieux démons de la haine religieuse et raciale; alors que 20 % de la populations israélienne est palestinienne.
Pour servir leurs desseins politiques, les fractions politiques qui dirigent ce pays actuellement sont composées d’une multitude d’origines, de cultures, d’intérêts divergents, importés d’autres et parachutées par le biais d’une pseudo-démocratie à la carte à la tête de cet Etat. C’est donc pour sauver Israël que ces médias s’opposent à cette guerre. D’autant plus que jamais cet Etat n’a été aussi défaillant militairement que maintenant. Conclusion, la presse et les médias européens et américains sont plus extrémistes dans leur allégeance au sionisme que les sionistes vivant en Israël.
Macron joue sa dernière carte
Jamais un président français depuis la création de l’Etat d’Israël ne s’est aligné autant sur les positions les plus extrémistes des gouvernements sionistes, aussi bien dans ses discours adressés à l’étranger qu’aux français. Oubliant même que des millions de Français sont d’origine arabes et musulmanes et qu’il est en train de les humilier. En prétextant que le Hamas, organisation affiliée aux Frères Musulmans est terroriste. Oubliant que pendant une décennie les ambassadeurs de la France avaient fait les yeux doux à l’équivalent du Hamas chez nous, le parti Ennahdha. Pourtant accusé par la justice tunisienne de terrorisme et connivence avec le terrorisme international. Et jusqu’à maintenant les associations et les parties soutenues par la France chez nous continuent à s’allier et à défendre l’organisation islamiste. D’ailleurs une partie de cette frange affichent actuellement un soutien inconditionnel au Hamas sous couvert de soutien à la cause palestinienne, le Front du salut, par exemple.
Voulant certainement faire oublier ses déboires en Afrique où la France se retire honteusement mais graduellement, le Président Macron ne rate pas une occasion pour taper sur d’autres pays. Comme le nôtre à l’occasion par exemple de l’attentat de Djerba où il a presque menacé d’intervenir (comment?) pour « protéger la minorité juive » d’El Hara. En faisant fi de la souveraineté nationale et de la fierté tunisiennes. Et oubliant que c’était l’Etat tunisien qui a toujours protégé ses juifs quand le gouvernement français de Vichy sous le protectorat a voulu les envoyer dans les camps de concentrations nazis. La Tunisie a une tradition millénaire de protection de ses minorités, notamment juive, que l’Etat français n’a jamais eue jusqu’à après la Seconde guerre mondiale.
Encore une fois, le Président français montre aussi beaucoup de mépris pour plus de dix millions de musulmans de France, en leur interdisant de manifester. Et lorsque son ministre de l’Intérieur menace ces mêmes musulmans de France de cinq ans de prison s’ils osent le faire, soit en manifestant, soit en diffusant des informations via les réseaux sociaux contre Israël.
Ce qui est plus choquant c’est quand il appelle à l’unité nationale et à ne pas importer le conflit arabo-palestinien en France. Alors qu’il est le premier à le faire, faisant preuve d’une hypocrisie sans limites. Bien sûr, il n’ira pas loin avec cette attitude, car bientôt les Français se rendront compte de la supercherie.
Mais la vraie question est pourquoi fait-t-il tout cela? A quelles pressions cède-t-il aux dépens des intérêts de la France elle même, comme ce fût son attitude pendant la guerre de l’Ukraine? Une vraie question qui doit intéresser les politologues français en premier lieu. Les vrais, pas ceux qui sont invités systématiquement sur les plateaux tv actuels.