Les prix du gaz, qui ont atteint leur plus haut niveau en huit mois, ont mis en évidence de graves inquiétudes de l’Egypte et de la Jordanie dans le secteur de l’énergie. Et ce, suite à l’arrêt de la production de gaz du champ israélien Tamar. Avec la possibilité que d’autres pays arabes et européens soient affectés par la baisse des approvisionnements.
Alors que la vente de la production de gaz est étendue sur des périodes à long terme, dépassant les dix prochaines années, pour garantir des approvisionnements à long terme à la lumière des changements géopolitiques régionaux et mondiaux, et dans le cadre des plans gouvernementaux de transformation énergétique et de dépendance accrue au gaz, le champ gazier de Tamar et certains gisements israéliens arrêtent leur production, accroissant la pression sur le secteur gazier régional et mondial.
En effet, le champ de Tamar produit environ 10 milliards de mètres cubes de gaz, dont environ 85 % sont utilisés pour le marché local. Alors qu’environ 15 % sont exportés vers la Jordanie dans le but de produire de l’électricité, et vers l’Egypte pour la liquéfaction et l’exportation vers l’Europe.
En conséquence, les prix du gaz naturel en Europe ont connu une hausse de plus de 40 %, à 56 euros (59,2 dollars) par mégawattheure, après le déclenchement de la guerre à Gaza le 7 octobre. Et les négociants ont pris en compte l’ampleur du gaz naturel et les répercussions que cela pourrait affecter sur le continent européen, la Jordanie et l’Egypte, suite à l’arrêt de la production du champ Tamar.
Cependant, les prix ont perdu une partie de leurs gains il y a deux jours, atteignant 46,5 euros (environ 50 dollars) le mégawattheure, en raison des efforts visant à contenir le conflit au Moyen-Orient, des prévisions météorologiques en Europe annonçant un temps modéré et de la reprise des approvisionnements de Norvège, le plus grand exportateur d’Europe.
La Jordanie confrontée à une crise énergétique
La Jordanie a reçu ses premiers approvisionnements en gaz israélien en janvier 2020, via Noble Energy, l’intermédiaire américain. Dans le cadre d’un accord d’achat signé par la Jordanie en 2016 pour acheter du gaz naturel à Israël à partir de 2020, un consortium américano-israélien fournira à la Jordanie, pour une durée de 15 ans, du gaz provenant du champ Leviathan situé en mer Méditerranée.
A cet égard, le gouvernement jordanien importe environ 95 % de ses besoins énergétiques. La demande en électricité augmentant chaque année à des taux compris entre 6 et 7 %. Elle dépend à elle seule du gaz naturel à environ 80 % pour couvrir les besoins en électricité du pays.
L’ampleur de la possibilité d’une crise électrique en Jordanie est déterminée par la prolongation de la guerre dans la région et l’arrêt de la production du champ de Tamar, au milieu des discussions jordano-égyptiennes, selon des sources du secteur.
Mêmes craintes en Egypte
L’Egypte a commencé à importer du gaz d’Israël pour la première fois en 2020, dans le cadre d’un accord d’une valeur de 15 milliards de dollars, entre Noble Energy – qui a été rachetée par Chevron en 2020 – Delek Drilling et la société égyptienne Dolphinus Holding Company.
Sur la base de cet accord, en juin 2022, l’Egypte a signé un protocole d’accord avec l’Union européenne et Israël, pour augmenter les exportations de gaz vers l’Union européenne, dans le but d’approvisionner l’Europe en gaz israélien via les stations de liquéfaction égyptiennes d’Idku et de Damiette de la mer Méditerranée.
Au milieu des efforts de l’Egypte pour recommencer à exporter du gaz à partir d’octobre vers le continent européen, après l’avoir interrompu pendant toute la saison estivale où la demande locale était forte, l’arrêt de la production du champ de Tamar a retardé les projets du Caire de reprendre ses exportations de gaz, dans un contexte d’anticipation européenne.
On s’attend à ce que ce report s’accompagne d’une hausse des prix, compte tenu de la rareté des approvisionnements sur le marché mondial, dont le Caire bénéficiera à moyen terme, en raison de l’entrée de la saison hivernale, au cours de laquelle la demande de gaz diminue localement, et pendant laquelle les expéditions à l’exportation augmentent.
A noter que le ministère israélien de l’Energie avait annoncé, en août dernier, qu’il allait augmenter le volume de ses exportations du champ de Tamar vers l’Egypte, pour atteindre 3,5 milliards de mètres cubes par an pendant 11 ans. Soit un total de 38,7 milliards de mètres cubes, avec possibilité d’augmentation. Cette quantité atteint 44 milliards de mètres cubes.