Le projet de loi de finances (PLF 2024) pour l’année 2024 consacre l’endettement et l’absence d’autonomie, souligne l’économiste Mourad Hattab, estimant que ce PLF représente le « minimum requis en matière de croissance, de développement et de réformes profondes ».
Dans une interview accordée à l’agence TAP, Hattab a fait savoir que le projet de budget de l’État pour l’année 2024 entraînera, selon les données qu’il contient, une hausse du niveau de l’endettement extérieur par rapport à l’année 2022.
L’analyse de Hattab et sa lecture du projet de budget de l’État pour 2024 s’inscrivent dans le contexte de l’évaluation des priorités urgentes pour la prochaine étape afin d’appuyer les réalisations accomplies par la Tunisie en termes de stabilité au niveau des finances publiques et extérieures et des équilibres sectoriels.
Pour Hattab, le secteur extérieur s’est redressé après des années de détresse et les données publiées par la Banque centrale de Tunisie (BCT), ainsi que les récents rapports internationaux, notamment ceux publiés par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, confirment cette tendance.
A la question de savoir comment il évalue les hypothèses du PLF 2024, notamment la dette et la gestion du déficit des finances publiques, l’économiste répond : « Le projet du budget de l’Etat pour l’exercice est un projet d’endettement par excellence et coûteux. Il repose sur l’hypothèse d’un endettement de 16,4 milliards de dinars l’année prochaine, contre des prévisions actualisées d’environ 10,5 milliards de dinars pour l’année 2023, sachant que l’endettement extérieur n’a pas dépassé, à fin août, 6,3 milliards de dinars, selon les données du ministère des Finances ».
Il ajoute : « Je tiens à préciser que le taux d’augmentation de l’endettement pour l’exercice 2024 dépassera 111%, par rapport à l’année 2022. Cela mènera à un endettement qui impactera les équilibres atteints dans le domaine des finances publiques et du secteur extérieur après des années de difficultés… A la date du 10 octobre 2023, le pays a payé environ 23,7 milliards de dinars aux fournisseurs et créanciers. Le recours du pays à l’endettement extérieur a enregistré une baisse significative d’environ 52,6%, au premier semestre 2023. Les dettes extérieures ont représenté 18,2% des besoins de financement, au cours de la même période de 2023 ».
Concernant les hypothèses du PLF 2024 en matière de dette extérieure, Mourad Hattab souligne que « la méthodologie pour élaborer le budget 2024 est basée sur l’hypothèse d’un taux de croissance économique limité à 1,2%, alors que la Banque mondiale estime que la Tunisie devrait enregistrer une croissance de 3% en 2024 ».
« A ce niveau, il est important de rappeler que la Société financière internationale (SFI) a présenté des perspectives prometteuses pour l’économie nationale pour l’année prochaine, notamment, en termes d’amélioration continue de la balance des paiements extérieurs de 4% de la production (2022- 2024), en plus de l’évolution du produit intérieur brut par habitant estimé de passer de 0,4% en 2023 à 2,1% en 2024 », ajoute l’expert.
Quand on lui demande s’il reste une marge de manœuvre pour réviser ces hypothèses, il répond: « Je tiens à souligner sur ce point qu’il y a une marge de manœuvre au niveau de toutes les hypothèses, notamment celles liées aux facteurs extérieurs. Il ne faut pas oublier aussi que les plans relatifs aux emprunts extérieurs constituent d’habitude un outil principal pour l’obtention des financements. Cela se reflète à travers la dynamique enregistrée sur la scène économique avec la présentation du projet de budget de l’État et le PLF au Parlement, outre la série de réunions du président de la République, Kaïs Saïed, dont la dernière, tenue mardi 17 octobre, avec le chef du gouvernement, Ahmed Hachani, et la ministre des Finances, Sihem Nemsia, qui ont permis d’aborder les défis économiques auxquels fait face le pays… ».
Avec TAP