La guerre entre le Hamas et Israël commence à inquiéter l’Union européenne (UE). Elle pourrait entraîner un ralentissement économique et une inflation plus élevée en cas de longue guerre. Avec une stagflation possible si la situation dégénère en un conflit régional avec la participation de l’Iran. Tels sont les scénarios que les gouvernements européens envisagent actuellement concernant le nouveau foyer de guerre au Moyen-Orient.
Le fait est que les conséquences, petites ou grandes, sur le marché de l’énergie seront mondiales. Toutefois, ils devraient y avoir un impact relativement plus important sur l’UE, qui garde une distance égale dans le conflit. Tandis qu’il serait moindre sur les Etats-Unis; même s’ils ont déjà déclaré leur présence dans la région, selon les analystes.
Jusqu’à présent, le marché de l’énergie semble adopter une attitude attentiste. Cependant, malgré le calme apparent, tout le monde attend une escalade du conflit; et ce, après l’intervention terrestre que prépare l’armée israélienne dans la bande de Gaza.
Alors, la grande question est de savoir si l’Iran sera directement ou indirectement impliqué dans le conflit. Plus essentiel que l’implication même du pays musulman est l’utilisation de « l’arme » du contrôle du détroit d’Ormuz. Autrement dit, s’il décide de fermer le détroit par lequel transitent chaque jour environ un cinquième des cargaisons de pétrole brut et de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des pays du Golfe vers l’Europe et les Etats-Unis. Il est évident que si cela se produit, l’Europe en particulier connaîtra un nouveau choc énergétique, aussi grave, sinon plus grave que celui de 2022.
En effet, les quantités disponibles de carburant qui atteindront l’Europe seront réduites, surtout en période de forte demande, comme les mois d’hiver. Cela entraînera, selon les experts de la BCE, une nouvelle flambée des prix de l’énergie et, par conséquent, de l’inflation dans l’UE. Ce qui devrait, avec les données d’aujourd’hui, clôturer au-dessus de 5 % pour 2023.
Le mauvais scénario
Une telle évolution constituerait la base d’un nouveau choc énergétique qui déclencherait une série de développements susceptibles de conduire à une stagflation au moins pour l’Europe. Celle-ci se trouvant déjà dans un environnement de ralentissement économique. Avant la guerre en Israël, la Banque centrale européenne (BCE) avait relevé son taux d’intérêt directeur à 4 % et prévoyait que la Zone euro connaîtrait une croissance de 0,7 % pour 2023, 1 % pour 2024 et 1,5 % pour 2025;avec une inflation attendue en baisse de 5,1 % en 2023, à 2,9 % en 2024 et 2,2 % en 2025.
Le nouveau conflit dans la région, s’il s’accompagne d’une forte augmentation des prix de l’énergie, inversera complètement le cours de la croissance. Elle pourrait se transformer en un signe négatif, ainsi que de l’inflation, les prévisions correspondantes étant révisées à la hausse.
La réaction de la BCE
Cela nécessitera évidemment un réajustement de la politique monétaire, qui vise actuellement – uniquement – à ramener l’inflation à l’objectif à moyen terme de 2 %. La réunion du conseil d’administration de la Banque, qui aura lieu prochainement à Athènes les 25 et 26 de ce mois, devrait procéder à l’arrêt du réinvestissement en obligations qui ont été collectées par l’assouplissement quantitatif et le PEPP. Une telle décision limiterait encore davantage la liquidité dans la Zone euro. Puisque les obligations qui expireront et ne seront pas renouvelées devront être payées par les Etats membres, selon les analystes.
La deuxième grande question concerne la politique des taux d’intérêt. D’un point de vue purement technocratique, les taux d’intérêt de la BCE se situent toujours dans la fourchette des 4 %; alors que l’inflation est supérieure à 5 %. L, la politique monétaire reste donc expansionniste.
Si la BCE décide de nouvelles hausses des taux d’intérêt, ce sera une option qui, si elle est mise en œuvre, conduira à une récession avec un effet douteux sur l’inflation, qui sera alimentée par l’alimentation, les services et la deuxième phase de la crise énergétique.