Ons Jabeur que l’on ne présente plus, le champion du monde de natation, Ahmed Ayoub Hafnaoui, le footballeur international, Issa Laidouni, ou encore le Ballon d’or 2022, Karim Benzema ont tous pris une position courageuse et honorable en exprimant publiquement leur soutien au peuple palestinien. Ces sportifs en payent au plus fort les conséquences.
C’est le prix à payer quand on s’engage pour une cause juste; quitte à ce que ces sportifs en payent le prix fort. Ainsi, pour avoir pris position dans le conflit palestino-israélien, notre icône nationale, Ons Jabeur risque d’être lourdement sanctionnée par la WTA; et même hypothéquer sa carrière dans l’élite du tennis mondial.
Le prix du courage
En effet, la native de Ksar Helal publia le 11 octobre en cours une story sur son compte Instagram officiel. Elle y exprimait sa position sur ce qui se passait ces derniers jours à Gaza : « Ce que vivent les Palestiniens depuis 75 ans est indescriptible. Ce que vivent les citoyens innocents est indescriptible, quelle que soit leur religion et quelles que soient leurs origines […] La violence ne mènera jamais à la paix. Je ne peux pas tolérer la violence; mais je ne peux pas non plus supporter que les gens se voient confisquer leurs terres… », avait-elle notamment écrit.
Et de poursuivre : « Nous souhaitons tous parvenir à la paix. La paix est tout ce dont nous avons besoin et ce que nous méritons. Arrêtez la violence. Liberté pour la Palestine. » Une position teintée d’humanisme qui lui a attiré les foudres de la Fédération israélienne de tennis. Celle-ci a indiqué sur son compte FB que la tenniswoman tunisienne « soutient un groupe terroriste ».
« Cette joueuse de tennis se bat, incite et soutient une organisation terroriste meurtrière. Nous sommes heureux qu’elle soit en minorité comparée aux athlètes sains d’esprit dans le reste du monde ». Ainsi déclarait Avi Peretz, le président de l’association de tennis israélienne. Il a par conséquent décidé de s’en plaindre auprès des deux plus hautes instances du tennis. A savoir la Women’s Tennis Association (WTA) et l’International Tennis Federation (ITF).
Ons Jabeur, la première sportive à la renommée internationale à afficher son soutien aux Palestiniens, paye son courage et pourrait écoper d’une très grosse sanction de la part du circuit. Et ce, d’autant plus que cette courageuse prise de position tombe au beau milieu d’une ambiance très tendue entre les joueuses russes-biélorusses et les joueuses ukrainiennes à cause de la guerre destructrice entre la Russie et l’Ukraine.
Issa Laidouni joue sa carrière
Or, Ons jabeur n’est pas la seule à payer cher son refus de se taire face aux crimes de guerre dans l’enceinte de l’enclave palestinienne.
Ainsi, l’international tunisien, Issa Laidouni, qui évolue dans le club allemand de première division Union Berlin, a posté un message sur son compte Instagram avec le drapeau palestinien pour apporter son soutien au peuple palestinien. Et ce, après que son club a posté un message de soutien à Israël. Double défi!
Certains supporters de l’équipe berlinoise ont exigé que les dirigeants de leur club prennent des mesures disciplinaires à l’encontre du milieu de terrain qui avait rejoint l’équipe en janvier dernier et est devenu l’un de ses principaux piliers. D’autres, exigent même la résiliation de son contrat pour crime de lèse-majesté envers l’Etat hébreu.
Le cri de cœur de Hafnaoui
Et ce n’est pas tout, puisque encore chez les sportifs, le champion du monde et champion olympique de natation, Ahmed Ayoub Hafnaoui, a exprimé à son tour, lundi 16 octobre 2023, sa solidarité avec le peuple palestinien. «Vive la Palestine !», a-t-il lancé dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
S’adressant aux Palestiniens dans une vidéo publiée lundi 16 octobre 2023, il leur rappelle que les Tunisiens « sont de tout cœur avec eux ». « Tenez bon, que Dieu vous préserve! Nous pensons toujours à vous et nos cœurs vous accompagnent par notre foi en Dieu », s’écriait-il.
Le cas Benzema
Mais, c’est le cas de Karim Benzema qui soulève le plus de passions du côté des sportifs. Engagé depuis le mois de juin avec le club saoudien d’Al-Ittihad, l’ancien attaquant-vedette du Real Madrid était l’un des seuls sportifs français à prendre nettement position en faveur du peuple palestinien. « Toutes nos prières pour les habitants de Gaza, victimes une fois de plus de ces bombardements injustes qui n’épargnent ni femmes ni enfants », a-t-il publié dimanche 15 octobre sur son compte X (anciennement Tweeter).
Et la grosse et surprenante surprise est arrivée d’un membre éminent du gouvernement français qui, parait-il, caresse des ambitions présidentielles pour l’après-Macron.
Ainsi, 24 heures après la publication de Karim Benzema, le ministre de l’Intérieur en personne, Gérard Darmanin, accuse le Ballon d’or 2022, lundi sur CNews, d’être « en liens, on le sait tous, notoires, avec les Frères musulmans ». Fichtre.
Plus grave encore. Après les déclarations à l’emporte pièce du ministre français, la sénatrice Les Républicains des Bouches-du-Rhône a demandé mercredi qu’on retire « a minima » le Ballon d’or de Karim Benzema, pour une « sanction symbolique », mais également sa nationalité française.
Evidemment, cette proposition de déchéance de nationalité a été soutenue ensuite par Marion Maréchal, figure de l’extrême droite française.
« Prier le 15 octobre pour des populations civiles sous les bombes qui n’épargnent ni les femmes ni les enfants ne constitue évidemment ni propagande pour le Hamas, ni complicité de terrorisme et encore moins actes de collaboration ». Ainsi s’indigne l’avocat de l’international français, Maître Hugues Vigier, qui ajoute : « Karim Benzema est français, il n’a pas la double nationalité. Il n’a jamais demandé ni voulu avoir la nationalité algérienne. Par conséquent, envisager la déchéance de nationalité pour des nationaux natifs, si on remonte l’histoire, c’est l’Allemagne nazie ! »
Qu’y a-t-il à ajouter de plus?