Les plus hauts dirigeants du monde des affaires se réunissent cette semaine dans la capitale saoudienne, Riyad, pour un forum d’investissement attractif. Alors que la guerre entre Israël et la résistance palestinienne menacent de saper la vision du riche royaume du Golfe comme une région plus pacifique et plus prospère.
Les organisateurs affirment que la septième édition de la conférence « Future Investment Initiative », une réunion qui commence aujourd’hui et dure trois jours, comprend plus de 6 000 délégués inscrits. Elle verra aussi la participation des dirigeants des plus grandes banques internationales et des présidents des banques internationales.
Cependant, la guerre à Gaza pourrait jeter une ombre sur les accords à conclure au cours de la conférence. Les dirigeants arabes et occidentaux mettant en garde contre la possibilité d’une guerre régionale qui pourrait conduire à une baisse des attentes en matière d’investissement dans la région.
« Ce qui se passe ne peut être ignoré, car cela affectera l’économie de toute la région et pas seulement celle du Royaume d’Arabie saoudite ». Ainsi déclarait Nasser Al-Tamimi, analyste des affaires du Moyen-Orient à l’Institut italien d’études politiques internationales.
Mais, ajoute-t-il, la plupart des investisseurs envisagent les perspectives de croissance de la région à plus long terme. D’ailleurs, les Saoudiens eux-mêmes sont « très déterminés à ne laisser aucune question extérieure influencer les réformes initiées dans le cadre du programme Vision 2030 lancé par le prince héritier, Mohammed ben Salmane », poursuit-il.
Pour sa part, le PDG du Future Investment Institute, Richard Attias, a déclaré, lors d’une conférence de presse, jeudi 19 octobre 2023, les organisateurs de la Future Investment Initiative n’avaient enregistré que 20 annulations dues à la guerre, dont la plupart étaient le fait de certaines entreprises empêchant leurs employés de se rendre en Arabie saoudite par crainte d’étendre le conflit en cours à Gaza. Il a expliqué qu’il est important de faire face « aux effets des conflits sur le secteur des affaires ».
La « vision » saoudienne est en danger
Cependant, la Future Investment Initiative, souvent appelée « Davos dans le désert » (une analogie avec le Forum économique mondial de Davos), a déjà résisté aux troubles politiques. Et notamment après l’assassinat en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi par des agents saoudiens et l’isolement qui a suivi du Prince héritier, au niveau diplomatique mondial.
Le conflit entre Israël et Gaza a éclaté en plein programme de réformes « Vision 2030 » lancé par le prince héritier et visant à réduire la dépendance de l’économie de l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole brut, aux énergies fossiles.
Ces dernières années, les responsables saoudiens ont souligné l’importance d’une région stable et plus intégrée pour la réussite de cette vision et de travailler à combler le fossé avec le Qatar, la Turquie, la Syrie et l’Iran, la principale puissance régionale du Moyen-Orient…
La guerre entre Israël et le Hamas menace ces progrès. L’Etat hébreu a averti que le Hezbollah libanais, allié du Hamas, « entraînait le Liban dans la guerre » au milieu d’un échange de bombardements dans la zone frontalière entre les deux pays qui a commencé au lendemain de l’attaque du Hamas.
Christian Ulrichen, chercheur en affaires du Moyen-Orient à l’Institut Baker de l’Université Rice, a déclaré : « La guerre actuelle porte atteinte à la dynamique de désescalade régionale et à la stratégie de suppression des risques, sur laquelle les dirigeants saoudiens se sont concentrés ».
Christine Diwan, de l’Institut arabe des Etats du Golfe à Washington, a déclaré de son côté que ce qui effraie le plus les dirigeants saoudiens, c’est que le développement du conflit « échappe en grande partie à leur contrôle ».