Va-t-on vers la création d’une monnaie numérique européenne ? En tout cas, le conseil d’administration de la Banque centrale européenne (BCE) se réunira à Athènes, les 25 et 26 octobre 2023, pour examiner les mesures de politique monétaire qui s’appliqueront – au moins – pendant les six prochaines semaines dans la zone euro et annoncer une très importante décision sur l’avenir de la monnaie unique.
En prévision de la réunion de la BCE en Grèce, les 25 et 26 octobre, la Banque de Grèce se prépare fébrilement depuis de nombreux mois pour accueillir la présidente, Christine Lagarde, et les autres membres du conseil d’administration de la BCE.
Outre les décisions sur les taux d’intérêt annoncées toutes les six semaines par le Conseil des gouverneurs de la BCE, une annonce très importante sur l’avenir de la monnaie unique est attendue jeudi prochain. Il s’agit de l’euro numérique, un projet ambitieux sur lequel la BCE a travaillé ces dernières années en collaboration avec la Commission européenne et le Parlement européen.
La BCE a commencé à explorer les avantages et les défis d’une telle décision deux ans plus tôt, en octobre 2021, avec le point tournant en faveur de la création d’une monnaie européenne numérique qui renforcerait la confiance des Européens dans la monnaie unique, faciliterait les transactions et unifierait davantage dans la région.
Des sources connaissant les processus expliquent que l’euro numérique prendra la forme d’un portefeuille que les citoyens « rechargeront » avec des euros depuis leurs comptes bancaires. Cela signifie que le rôle des banques commerciales n’est pas annulé avec le lancement de la monnaie numérique unique, mais qu’elles continueront à constituer une partie importante de l’écosystème.
L’objectif est que l’euro numérique soit utilisé uniquement comme moyen d’échange et non comme moyen d’accumuler des richesses.
C’est pourquoi il est envisagé d’introduire un plafond sur la liquidité que les citoyens pourront conserver en euro numérique, de l’ordre de 2 000 ou 3 000 euros par utilisateur. L’objectif est que l’euro numérique soit utilisé uniquement comme moyen d’échange et non comme moyen d’accumuler des richesses.
Les avantages de l’euro numérique incluent l’immédiateté et la sécurité des transactions – quelque chose de similaire aux paiements instantanés qui sont déjà effectués en quelques secondes via le système paneuropéen TIPS et portent le « cachet » de la banque centrale.
Un avantage très important de l’euro numérique est également le coût nul de son utilisation, mettant fin aux commissions – parfois sévères – que les banques imposent actuellement sur les paiements directs. Enfin, les transactions seront totalement sécurisées, car garanties par la banque centrale, tandis que la possibilité d’effectuer des transactions en euros numériques sera assurée sans l’utilisation d’Internet (hors ligne), afin qu’il n’y ait aucune trace numérique de la transaction. dans les cas où l’utilisateur recherche un anonymat absolu lors de sa transaction.
Les taux d’intérêt européens resteront inchangés
Sans surprise sur le plan de la politique monétaire, les annonces de la BCE sont attendues de la part des économistes, puisqu’il a été annoncé sur tous les tons que le scénario le plus probable à ce stade est le maintien des taux d’intérêt aux niveaux actuels de 4% pendant « très longtemps » et en tout cas aussi longtemps que nécessaire jusqu’à ce que l’inflation s’atténue.
Dès la réunion des 13 et 14 septembre, de profonds désaccords sont apparus parmi les banquiers centraux concernant de nouvelles hausses des taux d’intérêt. Comme le révèle le procès-verbal, la décision d’un resserrement supplémentaire de 25 points de base a été prise « à la volée » et essentiellement en raison de la résistance de l’inflation à revenir à des niveaux normaux.
Néanmoins, la réunion d’Athènes se déroulera avec des faits nouveaux et des incertitudes accrues en raison du conflit qui a éclaté entre Israël et la Palestine ces dernières semaines. Comme l’a prévenu le banquier central néerlandais Klaas Knot, « les conflits entre Israël et le Hamas pourraient accroître l’inflation dans la zone euro si d’autres pays de la région étaient impliqués dans le conflit, entretenant ainsi la hausse actuelle des prix du pétrole ».
Rachats d’obligations
Une autre question qui devrait être clarifiée lors de la réunion d’Athènes est celle de savoir si la banque centrale mettra fin aux rachats flexibles d’obligations dans le cadre du programme PEPP. Dans ses déclarations à l’agence Reuters, le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, a exprimé la nécessité de maintenir le programme.
La Banque centrale européenne ne devrait pas arrêter prématurément ses achats d’obligations car elle pourrait avoir besoin de calmer davantage les marchés très volatils, a déclaré le banquier central.