Violent clash à l’ONU où Israël réclame la tête d’António Guterres, coupable à ses yeux de « justifier le terrorisme ». Et ce, pour avoir tout simplement rappelé que les attaques du Hamas s’étaient produites « dans le contexte d’une occupation étouffante de 56 ans ». Toute vérité n’est pas bonne à dire!
Manifestement, il a prononcé les mots qui fâchent et qui contredisent, crime de lèse-majesté, la version israélienne tronquée et manichéenne de l’Histoire. Ainsi, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est attiré les foudres de Tel-Aviv qui réclame désormais sa tête. Après qu’il a rappelé avec pertinence, en pleine réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Proche-Orient et dans la bande de Gaza, qu’il est important de « reconnaître que les attaques du Hamas s’étaient produites dans le contexte d’une occupation étouffante de 56 ans ».
Acte de résistance
Une manière de rappeler à la mémoire du monde entier, notamment aux dirigeants occidentaux qui se sont précipités ces derniers jours à Tel-Aviv pour prêter allégeance à Netanyahou- à l’instar du président américain Joe Biden, du chancelier allemand Olaf Sholz, du Premier ministre britannique Rishi Sunak ou encore d’Emmanuel Macron- une autre facette de ce qui s’est passé le 7 octobre. Soit un acte de résistance d’un peuple qui vit sous une occupation « étouffante » qui dure depuis un demi-siècle. Un drame sans précédent d’un peuple spolié de sa terre que certains veulent délibérément passer sous silence comme « un détail de l’Histoire ».
« Le peuple palestinien a vu ses terres régulièrement dévorées par les colonies et en proie à la violence, son économie étouffée, ses habitants déplacés et leurs maisons démolies. Leurs espoirs d’une solution politique à leur situation se sont évanouis », soutient le responsable onusien. « Mais les griefs du peuple palestinien ne peuvent justifier les attaques effroyables du Hamas. Et ces attaques effroyables ne peuvent justifier la punition collective du peuple palestinien », a-t-il également souligné.
« Même la guerre a des règles »
A-t-il mis dos à dos le Hamas et l’occupant israélien? Le Portugais rappelle aux deux belligérants qu’ « aucune partie à un conflit armé ne peut se considérer au-dessus du droit international » et que « même la guerre a des règles ». Un sévère avertissement à Tsahal qui se prépare à une incursion terrestre qui s’annonce meurtrière au sein de l’enclave palestinienne. Avec son lot, hélas, inévitable de victimes civiles.
« Je suis profondément inquiet concernant les claires violations du droit international humanitaire que nous voyons à Gaza. Soyons clairs : aucune partie à un conflit armé n’est au-dessus du droit humanitaire international. » Et d’ajouter : « Pour apaiser cette souffrance immense, faciliter la distribution de l’aide de façon plus sûre et faciliter la libération des otages, je répète mon appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat », a lancé Antonio Guterres.
Et de conclure : « Nous devons exiger de toutes les parties qu’elles respectent leurs obligations en vertu du droit humanitaire international, qu’elles veillent constamment à épargner les civils dans la conduite des opérations militaires, qu’elles respectent et protègent les hôpitaux et qu’elles respectent l’inviolabilité des installations de l’ONU qui abritent aujourd’hui plus de 600 000 Palestiniens ».
Que dire du discours prononcé par le SG de l’ONU? Que sans les nommer expressément, il met en garde les forces israéliennes d’occupation. Lesquelles seraient coupables de crime contre l’humanité, si elles allaient au-delà des lignes rouges fixées par le droit international. « Même la guerre a des règles », a-t-il solennellement rappelé.
« Le Hamas doit être rayé de la surface de la planète »
Au comble de l’exaspération, le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen répondit ainsi à la « provocation » d’Antonio Guterres : « Monsieur le Secrétaire général, dans quel monde vivez-vous? Sans aucun doute, ce n’est pas le nôtre. Comment pouvez-vous conclure un accord de cessez-le-feu avec quelqu’un qui a juré de tuer et de détruire votre propre existence? », s’est-il demandé.
Ayant décidé de boycotter la rencontre prévue avec le SG de l’ONU, plus tard il posta sur X (anciennement Twitter) : « Après le massacre du 7 octobre, il n’y a plus de place pour une approche nuancée. Le Hamas doit être rayé de la surface de la planète ». Pas moins que cela!
Pour sa part, l’ambassadeur israélien à l’ONU, Guilad Erdan, a aussitôt exigé sa démission immédiate. Tout en l’accusant de « justifier le terrorisme » et ajoutant que son pays refuserait les visas aux responsables de l’ONU.
Au final, Benny Gantz, membre du Conseil de guerre israélien, a déclaré : « Les jours sont sombres où le Secrétaire général des Nations Unies cautionne le terrorisme. Absolument rien ne peut justifier le massacre de civils innocents ». Avant d’écrire « prophétique » sur la plateforme X : « Il est désormais temps de se placer du bon côté de l’histoire, ou d’être jugé par elle ».
Il ne croyait pas si bien dire. Par sa courageuse prise de position, le responsable onusien s’est bien placé « du bon côté de l’Histoire »; et c’est à tout son honneur.