Coup de tonnerre dans le ciel de la planète football en Tunisie. Le tout puissant président de la Fédération Tunisienne de Football (FTF), Wadii Jary, que l’on croyait intouchable, a été arrêté et fait désormais l’objet d’un mandat de dépôt à son encontre. Retour sur une affaire à rebondissements.
Coup de pied dans la fourmilière de la planète football en Tunisie dans le cadre de la campagne de lutte contre la corruption initiée par le président de la République, Kaïs Saïed?
Alors que tous les regards sont rivés sur les massacres perpétués à Gaza, une prison à ciel ouvert, par les forces de l’occupation israélienne, le monde du ballon rond se retrouve sous les projecteurs de l’actualité après l’arrestation du président de la FTF, Wadii Jary; élu à ce poste en mars 2012 puis réélu en 2016 et en 2020.
Corruption ou entorse aux règlements?
Selon les bribes d’informations dont nous disposons pour le moment, le patron du football tunisien, interdit de voyage en février 2023 avant que cette décision de la justice ne soit levée par la Chambre d’accusation, fait désormais l’objet d’un mandat de dépôt émis jeudi 26 octobre par le procureur de la République près le Tribunal de Première Instance de Tunis. Et ce, sur fond de son implication présumée dans une affaire de corruption financière au sein de ladite Fédération.
En effet, le Parquet a pris cette décision suite à une plainte déposée par le ministère du Sport et de la Jeunesse qui le soupçonne d’être impliqué dans l’affaire du contrat de Sghaïer Zouita, ancien directeur technique de la Fédération. Sachant qu’il est de notoriété publique que les relations personnelles entre Kamel Deguiche et le président de la FTF sont exécrables, et le mot est faible.
Qu’en est-il du fond de cette affaire? Il s’agit selon des sources concordantes d’un contrat passé par le président de la FTF en 2020 avec le directeur technique national, Sghaïer Zouita, en poste jusqu’en 2022 avant de partir pour le sultanat d’Oman. Entre temps, le ministère des Sports et de la Jeunesse s’est aperçu que ce contrat n’a pas reçu son aval officiel. Reste à savoir si cette entorse aux procédures pourrait être assimilée à de la corruption financière.
C’est en tout cas l’appréciation du ministère de tutelle qui a entrepris une action en justice conformément à l’article 96 du Code pénal. Car le contrat avec la personne citée ne serait pas conforme aux procédures administratives et législatives en vigueur.
Dans son intervention, jeudi 26 courant, à « L’Emission Impossible » de Borhen Bsaïes sur IFM, le porte-parole du ministère concerné, Chokri Hamda, expliquait que le directeur technique doit être désigné par décret et non par le biais d’un contrat. Or, selon ses dires, la FTF n’a pas respecté la procédure habituelle. « La fonction de directeur technique est régie par le décret n° 77-552 du 20 Juin 1977. Il doit être nommé par décret et non par contrat. La Fédération n’a pas respecté la loi tunisienne », déclarait-il.
« Le ministère de tutelle, a-t-il poursuivi, a intenté des procès à l’encontre de nombreuses fédérations sportives; et ce dans le cadre de la politique menée par le président de la République, Kaïs Saïed, pour la lutte contre la corruption. Ces plaintes ont débouché sur des arrestations et des mandats de dépôt; mais le dossier de la FTF a pris le plus d’ampleur, vu son importance ».
D’ailleurs, a-t-il fait savoir, « plusieurs responsables dans d’autres fédérations sportives ont été également arrêtés pour suspicion de corruption financière ».
Un non-événement?
Interrogé sur l’impact direct de l’arrestation de M. Jary, également membre du comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF), sur la FTF et si cette mesure allait ultérieurement être contestée par la toute puissante FIFA qui accorde aux présidents de fédérations dans le monde une forme d’autonomie et d’immunité dans leurs pays respectifs, le porte-parole balaie cette éventualité d’un revers de la main en affirmant qu’il n’est pas du ressort de la plus haute instance du football d’intervenir dans cette affaire, étant de caractère financier.
Pour ce qui est de la Fédération tunisienne de football, il est d’usage qu’en cas de vacance, le président intérimaire de la FTF est désigné par les membres du bureau exécutif de la Fédération. Il peut tout aussi bien devenir le président définitif.
Rappelons enfin que l’avocat de Wadii Jary, Taieb Bessadok, a pour sa part révélé que l’enquête était menée par la brigade économique du Parquet. A savoir que l’intéressé, médecin de son état, avait déjà été auditionné par cette brigade dans le cadre d’une plainte déposée par le Croissant Sportif Chebbien, accusant la Fédération d’avoir falsifié les dossiers de certains joueurs.
Affaire à suivre.