Alors que l’aide indispensable commence à entrer dans la bande de Gaza assiégée, la guerre des faits s’intensifie, avec les médias sociaux qui alimentent des récits contradictoires sur la situation qui prévaut sur le terrain.
Une désinformation préjudiciable sur le conflit en cours, à la suite des attaques du 7 octobre du Hamas contre Israël, continue de circuler en ligne, avec des conséquences potentiellement dangereuses.
Alors que la mésinformation ou désinformation fait référence à la diffusion accidentelle de fausses informations, la désinformation peut être diffusée intentionnellement par des acteurs étatiques ou non étatiques, y compris pendant un conflit armé, afin d’influencer l’opinion publique ou politique. Elle peut avoir des conséquences sur tous les domaines, allant du développement à la paix, et de la sécurité à l’aide humanitaire.
ONU Info a examiné ce qui se passe en ligne et comment les Nations unies luttent pour la vérité.
Lutter contre la désinformation
Alors que le monde entier avait les yeux rivés le weekend dernier sur le passage de Rafah, en Égypte, à la frontière avec Gaza, les images de convois transportant une aide vitale ont inondé les médias sociaux.
Il en a été de même pour la désinformation concernant le contenu des camions et la manière dont l’aide parvient à l’enclave palestinienne assiégée qui abrite 2,3 millions de personnes, dont 1,4 million sont déplacées en raison des hostilités en cours.
Pour lutter contre la désinformation et promouvoir ce que les Nations unies appellent « l’intégrité de l’information », les agences de l’ONU interviennent. Elles fournissent des faits, corrigeant les fausses infos préjudiciables, en s’adressant aux médias et en continuant à rendre compte sur leurs plateformes numériques de ce qui se passe véritablement sur le terrain dans la bande de Gaza.
Blé gratuit
Des contenus circulant sur les réseaux sociaux ont affirmé à tort que les Nations unies vendaient des sacs de blé à des prix exorbitants à Gaza.
En réalité, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) continue de fournir du pain aux personnes déplacées dans ses abris et a distribué gratuitement de la farine de blé pour alimenter la production dans environ 16 boulangeries.
« Pour soutenir les familles déplacées et résoudre le problème de la pénurie de pain, l’UNRWA fournit de la farine aux boulangeries locales afin qu’elles puissent distribuer du pain aux familles à un prix subventionné », explique un rapport de situation de l’agence UNRWA qui sert les réfugiés palestiniens depuis 1950 et qui est le principal fournisseur d’aide humanitaire des Nations unies à Gaza.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a également livré des sacs de farine gratuits à environ 23 boulangeries desservant ses points de distribution dans l’enclave, a déclaré à ONU Info Alia Zaki, responsable de la communication du PAM.
De la nourriture livrée aux abris de l’ONU
Depuis le 7 octobre, la plupart des points de distribution de nourriture et de nombreux abris de l’ONU sont fermés en raison des bombardements et des ordres d’évacuation.
Les travailleurs humanitaires ont donc distribué des cargaisons récentes directement à 150 installations de l’UNWRA, qui abritent plus de 630.000 personnes cherchant à se protéger contre les frappes aériennes.
Depuis l’arrivée des convois d’aide, le Programme alimentaire mondial a déjà distribué de la nourriture à un demi-million de personnes, a déclaré la responsable de l’agence, Cindy McCain.
L’aide humanitaire n’est jamais vendue
« Les Nations unies ne demandent aucune rémunération à quelque stade que ce soit pour l’aide humanitaire », indique une alerte à la fraude publiée par l’ONU à la suite d’une escroquerie à la désinformation en Ukraine en 2022.
À Gaza, avant le conflit actuel, au moins 100 camions d’aide transfrontalière arrivaient chaque jour, selon les agences de l’ONU. Cette aide a permis de venir en aide à 60% des habitants de Gaza qui avaient besoin d’assistance en raison du blocus imposé par l’Égypte et Israël en 2007, lorsque le Hamas est arrivé au pouvoir.
Depuis le 7 octobre 2023, environ 74 camions d’aide sont entrés dans l’enclave, a déclaré vendredi Lynn Hastings, la coordinatrice humanitaire pour le territoire palestinien occupé.
Nourriture gratuite
Les livraisons récentes contenaient « des fournitures essentielles, de la nourriture, des médicaments et de l’eau », a déclaré Mme Zaki du PAM à ONU Info.
Cinq des 20 camions du premier convoi contenaient de la nourriture – trois avec des colis alimentaires et deux avec du thon en conserve, a indiqué le Bureau de coordination humanitaire des Nations unies, OCHA, dans un rapport de situation.
Cependant, les réserves limitées et les pénuries de carburant ont conduit le PAM à réduire les rations afin d’atteindre le plus grand nombre possible de personnes dans le besoin, a dit Mme Zaki.
Stopper les fausses nouvelles
Des études montrent que les mensonges circulent beaucoup plus vite que les faits, a déclaré Melissa Fleming, la secrétaire générale adjointe des Nations unies chargée de la communication globale, dans un récent article d’opinion.
« Une fois de plus, le ‘brouillard de la guerre’ favorise la propagation de la haine et des mensonges en ligne, ce qui entraîne des erreurs dangereuses ayant des conséquences en temps réel dans le monde réel », a-t-elle écrit. « Les discours haineux, les fausses informations et la désinformation, déjà très répandus, inondent les réseaux sociaux, faussent les perceptions et risquent d’aggraver la violence ».
Comment y mettre fin ? Demander aux agences de l’ONU qui utilisent régulièrement leurs plateformes de médias sociaux pour informer le public des faits et dissiper les fausses nouvelles.
Mme Fleming recommande de prendre du recul par rapport au cycle de l’information.
« Tout d’abord, il faut être patient. Nous nous sommes tous habitués à être informés en permanence. Mais un environnement d’information aussi pollué ne peut tout simplement pas supporter cela. Il est temps d’ajuster nos attentes », a-t-elle dit.
Rétablir les faits
En période de conflit, la confusion règne souvent et les faits peuvent être mal interprétés sans intention de nuire ; les Nations unies parlent alors de mésinformation.
L’Organisation souligne que c’est à ces moments-là qu’il importe de s’informer auprès de sources fiables tout en « exhortant les plateformes à redoubler d’efforts pour mettre en place leurs propres garde-fous contre la diffusion de contenus préjudiciables », explique Mme Fleming.
Deux semaines après le début du conflit, des médias sociaux et des chaînes de télévision, dont une chaîne internationale, ont affirmé que des réservoirs de carburant entraient dans la bande de Gaza par le point de passage de Rafah, alors fermé.
La directrice de la communication de l’UNRWA, Juliette Touma, a rétabli la vérité lors d’une vidéoconférence avec les médias au siège de l’ONU à New York.
« Si vous pouvez nous aider à clarifier les choses : ils étaient déjà à l’intérieur de Gaza », a-t-elle demandé aux journalistes, expliquant que la vidéo montrait en fait des camions de l’UNRWA en train de livrer du carburant dont ils avaient grand besoin, à partir de leurs réserves qui s’amenuisent.
« Juste après cette conférence de presse, je vais prendre mon téléphone », a déclaré Mme Touma, avec l’intention de demander une correction.
Pour en savoir plus sur la manière dont l’ONU lutte contre la désinformation, cliquez ici.
Source: ONU Info