Alors qu’elle traverse une vraie crise de finances publiques et que sa notation souveraine est en baisse par Moody’s (Caa1), l’Egypte vient de sortir sur les marchés financiers internationaux.
Le gouvernement du Caire, représenté par le Ministère des Finances, a émis aujourd’hui des obligations samouraï d’une valeur de 75 milliards de yens japonais. Soit l’équivalent de 1 588 millions de dinars. Les obligations ont une maturité de cinq ans, avec un rendement de 1,5 % par an. Il s’agit de la deuxième émission d’obligations de samouraï. En mars 2022, l’Egypte a proposé pour la première fois des obligations libellées en monnaie japonaise, d’une valeur équivalente à 500 millions de dollars.
Ainsi, le pays continue d’émettre des titres de créances souverains, afin de diversifier ses sources de financement. Et ce, compte tenu de son besoin de liquidités en dollars supplémentaires pour remédier aux déséquilibres financiers.
Déjà le mois dernier, le Ministère égyptien des Finances a émis des obligations Panda sur le marché chinois, évaluées à environ 500 millions de dollars. L’idée est de prolonger la durée de vie moyenne du portefeuille de la dette publique, réduire le coût de la dette extérieure et élargir la base et les segments des investisseurs internationaux.
Une bonne idée pour la Tunisie?
La Tunisie est habituée à ce marché et elle y a payé une échéance en 2022 (22 milliards de yens). Le taux d’intérêt est très intéressant. Même si nous avons une plus mauvaise notation, la situation de nos finances publiques est concrètement meilleure.
Selon le projet de la Loi de Finances 2024, le schéma de financement extérieur du budget n’est pas totalement bouclé. Il y a encore 3 200 millions de dollars qui doivent être levés au cours de l’année 2024. Et les techniciens du Trésor sont certainement en cours de travailler sur cela. Il ne serait donc pas surprenant que des noms de bailleurs de fonds soient présentés lors des plénières de l’ARP dédiées à la discussion de ce projet.
L’Etat vient d’obtenir 213 millions d’euros et 13 millions de dollars, dont une partie à un taux fixe de 4,5 %, soit 3x celui de l’Egypte. Serions-nous 3x plus risqués que nos amis au Caire? La réponse est bien entendu négative et il serait judicieux de sérieusement penser à cela.
Ainsi, la diplomatie économique pourra jouer un rôle majeur à ce niveau. Nous avons de très bonnes relations avec le Japon et décrocher une garantie de ce pays pourrait nous aider. Le handicap, à notre avis, est l’importance qu’accorde ce pays à l’accord avec le FMI. L’année dernière, nous avons obtenu 74 millions de dollars auprès de Tokyo, malgré tout.
Au final, sortir de nouveau sur les marchés internationaux, même pour une petite somme, serait une bonne nouvelle. La Tunisie a respecté tous ses engagements sur les marchés et un retour aux émissions, avec une garantie, constituera une solution partielle pour nos problèmes de financement externe. Une piste à exploiter.