Une régulation mondiale des technologies émergentes d’intelligence artificielle (IA) devrait être basée sur les principes fondamentaux de la Charte des Nations unies et garantir le plein respect des droits humains. C’est ce qu’estime le secrétaire général de l’ONU, jeudi 2 novembre 2023, lors d’un Sommet dédié à la sécurité de l’intelligence artificielle organisé par le Royaume-Uni.
Depuis Bletchley Park – lieu où des ingénieurs alliés ont contribué à l’effort de guerre pour déchiffrer les codes secrets des nazis – le chef de l’ONU, António Guterres, a insisté sur la nécessité d’une « conversation soutenue et structurée autour des risques, des défis et des opportunités de cette nouvelle technologie au développement fulgurant », lit-on sur le site Info ONU.
« L’IA se développe à une vitesse et une ampleur sans précédent. Le paradoxe est qu’elle n’évoluera jamais aussi lentement qu’aujourd’hui », pense-t-il.
A ce paradoxe s’ajoutent plusieurs menaces que le patron de l’ONU a identifiées, à l’instar de « la diffusion de puissants modèles d’IA sans garde-fous, les potentielles conséquences négatives de l’IA sur l’emploi, l’érosion de la diversité culturelle due à des algorithmes biaisés, ou encore les tensions géopolitiques résultant de la concentration des sociétés d’IA dans seulement une poignée de pays ».
Dans ce cadre, Antonio Guterres fait le constat que, actuellement, « la grande majorité des puces d’IA étaient produites dans l’un des endroits les plus sensibles géopolitiquement parlant ».
Il appelle à une action immédiate, sinon « l’IA exacerberait les inégalités déjà croissantes entre pays : par exemple, aucun pays africain ne figure dans le top 50 mondial dans ce domaine ».
Le secrétaire de général de l’ONU s’inquiète également sur les possibles dommages à plus long terme quant au « développement potentiel de nouvelles armes dangereuses basées sur l’IA, à la combinaison malveillante de l’IA avec les biotechnologies, ainsi qu’aux menaces que font peser la désinformation, la manipulation de données et la surveillance assistées par l’IA sur la démocratie et les droits humains ».
Plaidoyer pour une charte mondiale
Compte tenu des menaces potentielles de l’IA, M. Guterres a appelé à un cadre strict pour surveiller et analyser ces tendances, afin de les prévenir. « Les Nations unies – une plateforme inclusive, équitable et universelle de coordination sur la gouvernance de l’IA – sont désormais pleinement engagées dans cette conversation », a-t-il déclaré.
En somme, une régulation à l’échelle mondiale s’avère nécessaire pour éviter les incohérences et les lacunes, selon lui. « Pour progresser dans ce domaine, l’ONU vient de mettre sur pied un Conseil consultatif sur l’IA, composé d’experts gouvernementaux, du secteur privé, de la communauté technologique, de la société civile et du monde universitaire », assure Info ONU.
La mission de ce nouvel organe est de fournir des recommandations préliminaires d’ici la fin de l’année sur la création d’un consensus scientifique autour de l’IA. Elles alimenteront le Pacte numérique mondial, qui sera proposé pour adoption lors du Sommet de l’avenir en septembre 2024.
A suivre