Le théâtre de la guerre nous propose actuellement le spectacle d’un génocide à Gaza qui met à nu les ressorts de ce qu’il est convenu d’appeler le sort commun de l’humanité. Une humanité qui se joue à pile ou face, en tournant la face au massacre perpétré par les Israéliens dans les rangs palestiniens.
Cette fois-ci encore, à l’origine de l’épreuve, il y a la poursuite en toute impunité de la politique de colonisation israélienne au sein même des Territoires occupés à Gaza. La logique de la force veut que les mieux armés, ou les plus belliqueux, aient des droits qui ne passent pas forcément par la case du droit. Il en a toujours été ainsi. Le serpent israélien pouvait toujours s’étendre, sachant qu’en face, on avait pris l’habitude d’avaler les couleuvres. Se faire humilier sans se plaindre, on savait le faire. On s’est même normalisé avec, et cela ne date pas d’aujourd’hui.
Il y a longtemps déjà, un certain Sadate avait signé quelque chose à Camp David. Il a même été discourir à la Knes- set, pour mériter ensuite du prix Nobel de la Paix et encore après, d’un assassinat expéditif. Rappelons qu’il avait signé comme on dit le couteau sous la gorge, plus précisément pour éviter la famine de son peuple après deux années sévères de sécheresse. Les Américains, parrains comblés de Camp David, avaient prévu de poster des vraquiers de blé au large d’Alexandrie. Ventre affamé n’a décidément pas d’oreilles. Dans cette péripétie-là, mais dans de multiplies autres « deals » sans rapport avec la morale qui inspire les cris d’indignation.
Les derniers deals n’ont même pas eu à se parer de morale : plusieurs membres de ladite Ligue ont renoué avec apparat avec Israël et n’éprouvent aucun besoin de s’en cacher ni de redouter les accès de fièvre des peuples. La liste est longue et les Américains n’hésitent pas de s’en vanter, tout en déclarant, pour ne rien gâcher, qu’Al-Qods est désormais la capitale exclusive d’Israël. On se souvient qu’en ces temps-là, il y a eu quelques timides mouvements de protestation, mais tout le monde en est resté là. Personne n’avait demandé leur avis aux peuples, on est en Arabistan, pardi !
Sauf qu’aujourd’hui, les donnes ont changé. Après la frappe israélienne contre l’hôpital Al Ahli Al Muamadani, les images de martyrs aux corps calcinés, d’enfants et de bébés aux corps déchiquetés, on ne peut plus rester indifférent. On ne le doit plus. On ne peut pas rester indifférent en voyant Israël mener un génocide organisé dans la bande de Gaza, laissant des centaines de milliers de personnes sans électricité, sans nourriture et sans eau, et bombarder la population civile en guise de punition collective, au mépris du droit international, ce qui pourrait être considéré comme un crime de guerre.
Faire l’impasse, aujourd’hui, sur le massacre perpétré par l’armée israélienne à Gaza nous enlèvera le peu d’humanité qui nous reste. Nous déshumanisera.
C’est vrai que ce qu’on voit et qu’on écoute des médias et dirigeants occidentaux nous laisse peu d’espoir en ce genre humain. Sauf que l’espoir est permis. Une lueur qu’on entre- voit dans une nouvelle génération qui a envahi les rues, pas seulement dans les villes tunisiennes, mais partout dans le monde arabe. Depuis toujours, les élans de solidarité sincère sont venus des peuples, mais il y a aujourd’hui comme une nouvelle flamme, une flamme qui nous vient de Gaza que les dirigeants arabes doivent saisir, à moins de se faire brûler avec .
Article disponible dans le Spécial Finance du mois d’octobre 2023 du Mag de l’Economiste Maghrébin