Pauvre Accord de Paris sur le climat! Après tout, on dira que les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Dans les faits, il est indéniable que la plupart des gouvernements ayant promis de réduire, drastiquement, leurs émissions de carbone ne l’ont fait pas. Car, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), « la production mondiale de combustibles fossiles augmente toujours et s’annonce deux fois trop élevée pour réaliser l’objectif de l’Accord de Paris sur le climat ».
L’organisme onusien ne cache pas sa déception, comme le prouve le titre de son rapport 2023 : « La grande contradiction ». Lequel s’intéresse à l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de production des combustibles fossiles. Le PNUE fait état du lien complexe qu’entretiennent les Etats avec les énergies fossiles.
En effet, « bien que 151 gouvernements nationaux se soient engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour parvenir à l’objectif de zéro émission net; les prévisions montrent que, bien au contraire, les plans de ces mêmes gouvernements augmenteraient la production mondiale de charbon jusqu’en 2030 – ainsi que de celle de pétrole et de gaz jusqu’en 2050 au moins », regrette le PNUE.
Très loin des objectifs de l’Accord de Paris
Le rapport indique que « les Etats prévoient de produire environ 110 % de combustibles fossiles en plus en 2030 que ce qui serait compatible avec la limitation du réchauffement à 1,5 °C, soit l’objectif de l’Accord de Paris; et 69 % de plus que ce qui serait compatible avec un réchauffement à 2 °C ».
Et les experts de l’organisation ne sont pas au bout de leur peine, et constatent, avec effarement, que « la production planifiée et projetée de charbon, de pétrole et de gaz par les gouvernements par rapport aux niveaux mondiaux compatibles avec l’objectif de température de l’Accord de Paris », s’élève au-delà de ce qu’ils attendaient.
Ainsi, António Guterres, le secrétaire général de l’ONU, n’a pas manqué de réagir en ces termes : « Les gouvernements doublent littéralement leur production de combustibles fossiles. Cela représente un double problème pour les populations et la planète. Nous ne pouvons lutter contre la catastrophe climatique sans attaquer sa cause première : la dépendance aux combustibles fossiles. »
De lourdes conséquences…
Si l’on en croit plusieurs scientifiques, juillet 2023 a été le mois le plus chaud jamais enregistré, et très probablement le plus chaud des 125 000 dernières années. « Partout dans le monde, des vagues de chaleur meurtrières, des sécheresses, des incendies de forêt, des tempêtes et des inondations anéantissent des vies et des moyens de subsistance », notent-ils.
L’accusé numéro 1 dans le changement climatique est donc d’origine humaine, soulignent les auteurs du rapport du PNUE. « Les émissions mondiales de dioxyde de carbone – dont près de 90 % proviennent des combustibles fossiles – ont atteint des niveaux record en 2021 et 2022 ».
Sans doute, les projets des gouvernements visant à accroître la production de combustibles fossiles vont compromettre ou retarder la transition énergétique nécessaire pour parvenir à des émissions nettes nulles; remettant ainsi en question l’avenir de l’humanité », , s’inquiète Inger Andersen, la directrice exécutive du PNUE.
Elle plaide pour faire tourner les économies avec des énergies propres et efficaces, qui « sont la seule solution pour combattre la pauvreté énergétique et réduire les émissions en même temps ».
Il faut admettre que la tâche du PNUE est bien ardue, car les Etats les plus grands pollueurs se trouvent être les plus réfractaires à mettre en place des programmes de diminution des émissions de gaz à effet de serre. Et il est fort à parier que les COP risquent de ne pas pouvoir régler cette question. A ce rythme, ce sont les nations pauvres qui risquent de payer le plus lourd tribut.
Il faudra sans doute trouver ou inventer un autre mécanisme.