53 % des Fintechs tunisiennes perçoivent le cadre réglementaire national comme « décourageant ». C’est ce que révèle la 1ère édition du baromètre des Fintech tunisiennes publiée, jeudi 9 novembre, par « Tunisian Startups« .
Les deux réglementations qui posent le plus d’obstacles pour ces startups de technologie financière sont le code de change et la loi relative aux établissements de paiement. Ainsi indique ce baromètre mené en partenariat avec Matine Consulting et le soutien de l’agence allemande de coopération internationale (GIZ), en vue de dresser un état des lieux de l’écosystème Fintech en Tunisie.
A en croire cette étude, l’administration et les régulateurs semblent « insuffisamment » informés des défis et besoins spécifiques des Fintechs.
De plus, « l’absence de la Sandbox depuis deux ans » a agrandi « le fossé entre le régulateur et les startups ». Selon la BCT, la Sandbox est un « environnement de test qui permet de surveiller l’expérimentation de solutions innovantes proposées par des Fintech à petite échelle et avec des clients volontaires ». Son absence prive donc les Fintechs d’un environnement réglementé pour tester leurs produits et services, et simplifier les procédures d’autorisation et de conformité, explique encore le baromètre.
En outre, s’agissant de l’accès au financement, les Fintechs ont affirmé qu’elles trouvent une meilleure réceptivité auprès des fonds d’investissement et des Business Angels (personnes physiques investissant dans des sociétés innovantes à fort potentiel) qui comprennent mieux leurs profils de risques. Cependant, les taux de rentabilité interne exigés par les fonds sont trop élevés pour les Fintechs.
En ce qui concerne l’accès aux marchés, 74 % des startups affirment que l’attrait de leurs solutions auprès des consommateurs finaux est en amélioration, révèle le baromètre.
Et d’ajouter que 42 % pensent que les institutions financières se montrent de plus en plus coopératives; alors que 53 % d’entre elles ne perçoivent pas d’évolution.
L’apport des incubateurs est peu efficace
Par ailleurs, interrogées sur les structures d’accompagnement, les Fintechs ont jugé que l’apport des incubateurs et accélérateurs est « peu efficace » au regard de leurs besoins spécifiques.
S’agissant du capital humain, 63 % des startups ont estimé avoir la capacité à attirer les talents dont elles ont besoin; mais 37 % pensent que ces talents sont peu disponibles en Tunisie. Les métiers les plus recherchés concernent la cyber-sécurité, l’intelligence artificielle et le Big Data.
Pour développer le secteur, les Fintechs ont appelé à la nécessité d’adapter le cadre réglementaire qui inciterait à plus de collaboration entre les startups, les institutions financières et le régulateur. Tout en mettant en place des « normes d’interopérabilité et d’Open Banking » (API), standardisées et sécurisées. « L’évolution de ce cadre réglementaire pourrait grandement contribuer à faciliter ces collaborations et à promouvoir un écosystème financier plus dynamique et inclusif », poursuivent-elles.
Ainsi, face aux difficultés d’accès aux marchés publics, elles ont mis l’accent sur l’importance de changer de paradigme dans les procédures, notamment via leur simplification et l’activation de mécanismes concrets « d’achats publics innovants ».
Depuis l’entrée en vigueur du « Startup Act » en 2018, le rythme de création des Fintechs évolue lentement. A fin 2022, on recense moins de 100 Fintechs sur le territoire, indique le baromètre. Ces dernières opèrent principalement en modèle B2B, majoritairement dans des secteurs de pointe, tels que les paiements, le financement / investissement et les services aux entreprises.
Cette tendance s’est poursuivie dans d’autres secteurs, notamment dans l’assurance (Insurtech), la Regtech ou encore l’IA et la Data Science.
Avec TAP