Présent lors de la conférence «Filières économiques, menaces et aspirations : financement, accès au marché et complexité économique», dans le cadre du 3e Congrès national de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect), le PDG de Vitalait, Ali Klibi, appelle les autorités à subventionner la filière laitière au niveau de la production.
Lors de son intervention, il a indiqué que la filière laitière passe depuis des années par de «grandes difficultés, notamment depuis le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne qui a provoqué une hausse des prix des aliments pour bétail d’une façon vertigineuse». Il a souligné que les prix du maïs et du soja ont enregistré une hausse variant entre 40 et 50%, ce qui, selon lui, impacte directement le coût de production pour les agriculteurs dont la majorité sont des petits agriculteurs. L’intervenant explique que le coût de production du litre de lait pour le petit agriculteur est aux alentours de 1d, 700-1d,800 le litre alors qu’il le vend à 1d,300 et 1d,400.
«De ce fait, le petit agriculteur enregistre une perte de 400 millimes au niveau du litre et cette situation ne peut pas perdurer. Pour cette raison, nous avons constaté durant les derniers mois que la production du lait a enregistré une baisse considérable et que plusieurs agriculteurs se sont débarrassés de leurs cheptels», lance-t-il.
L’intervenant appelle les autorités à revoir immédiatement le prix du litre de lait au niveau de la production afin que la situation de l’agriculteur enregistre une certaine stabilité et pour que l’approvisionnement du marché en lait reprenne comme il se doit. Le PDG de vitalait ajoute: «Nous avons une baisse entre 300 mille et 400 mille litres de lait par jour au marché. Les usines approvisionnent le marché avec 1 million 400 mille litres à un moment où les demandes du marché sont de 1 million 800 mille litres. C’est pour cette raison que la situation du marché est tendue», explique-t-il.
Le PDG de Vitalait indique que pour rendre justice à l’agriculteur, il faut augmenter le prix de la production de 400 millimes. Il rappelle que «l’Institut national de la consommation estime que la famille tunisienne consomme à peu près 25 litres de lait par mois. Ainsi 400 millimes pour l’agriculteur reviennent à 10 dinars par mois pour une famille, ce qui va permettre le salut et le sauvetage de la filière laitière. Cette filière qui, pendant 40 ans, nous a permis de réaliser une autosuffisance».
Il estime que les 400 millimes doivent être assumés par le consommateur ou par la caisse de compensation. « Aujourd’hui, la caisse de compensation ne peut plus supporter tout cela. D’ailleurs, à cause de la situation des finances publiques, on a enregistré près de 17 mois de retard de paiement des industriels laitiers, ce qui a porté atteinte à nos entreprises ».
Ali Klibi considère qu’ »il ne faut plus considérer l’agriculture comme un secteur social mais plutôt comme un secteur économique. Il n’est pas possible que l’agriculteur finance le budget de l’Etat ou contribue à la révision à la baisse du pouvoir d’achat des Tunisiens que nous voulons préserver, comme nous voulons préserver également le tissu industriel », conclut-il.