La Jordanie s’est mise en accord avec les experts du FMI concernant un nouveau programme de réformes soutenu par le mécanisme élargi de crédit. Amman avait exprimé son intérêt pour un nouveau programme en juin 2023. Les discussions ont été rapidement lancées, un mois plus tard.
L’accord est sur quatre ans, avec un accès de 270 % de la quote-part, équivalant à 926,374 millions de DTS, soit environ 1,2 milliard de dollars aux taux de change actuels. Le nouvel accord remplacera celui existant qui devait expirer au début de 2024.
Inquiétudes du conflit à Gaza
Les experts du FMI semblent être satisfaits. Les résultats obtenus dans le cadre du programme en cours sont conformes aux engagements qui avaient été fixés pour la septième revue. Plusieurs objectifs sont même en avance sur le calendrier.
L’accord est soumis à l’approbation de la direction du FMI et à l’examen du Conseil d’administration, qui devraient intervenir au début du mois de janvier 2024. Dès l’approbation du Conseil d’administration, la Jordanie aura un accès immédiat à près de 190 millions de dollars.
La coopération antérieure avec l’institution financière internationale a aidé le pays à renforcer sa résilience dans un contexte de chocs successifs, mais l’environnement extérieur reste difficile. Les tensions mondiales et régionales sont fortes, les taux d’intérêt devraient rester élevés plus longtemps et la croissance mondiale est inégalement répartie.
Le conflit à Gaza représente un risque supplémentaire pour la région et pourrait avoir des répercussions négatives sur l’économie jordanienne. À moins d’une escalade significative, le royaume peut surmonter ce choc, avec le soutien solide de ses partenaires internationaux. C’est l’enjeu de ce nouvel accord.
L’économie jordanienne devrait signer un taux de croissance de 2,6 % en 2023. L’environnement de taux d’intérêt plus élevés a contribué à un faible taux d’inflation, reflétant l’engagement de la Banque centrale (CBJ) à sauvegarder l’ancrage du taux de change. L’inflation est tombée à un peu plus de 1 % en septembre 2023. Le déficit de la balance courante devrait s’améliorer en 2023, pour atteindre un peu plus de 7 % du PIB, et les avoirs en devises sont importantes.
Néanmoins, le conflit en Palestine va freiner la croissance qui ne dépasserait pas 2,6 % en 2024. Le compte courant devrait se réduire moins que prévu, à 6,5 % du PIB. Les perspectives s’assombriraient en cas d’intensification du conflit.
Nouvel accord, ancienne recette
Le nouvel accord a des objectifs clairs qui peuvent se résumer en quatre principaux points :
- Placer la dette publique sur une trajectoire descendante régulière, ramenant la dette publique à moins de 80% du PIB d’ici 2028. Pour atteindre cette proportion et consolider les progrès réalisés dans la réduction du déficit budgétaire au cours des dernières années, la Jordanie poursuivra des politiques et des réformes budgétaires saines visant à équilibrer la nécessité de l’assainissement budgétaire, en élargissant davantage l’assiette fiscale et en améliorant l’efficacité des dépenses, tout en renforçant l’aide sociale et en soutenant la croissance.
- Préserver la stabilité monétaire et financière. La politique monétaire de la CBJ continuera d’être étayée par son engagement ferme en faveur de l’arrimage au dollar américain.
- Créer un secteur privé plus dynamique. L’environnement des entreprises sera amélioré, notamment en facilitant la création et l’exploitation d’une entreprise, en renforçant la concurrence et l’accès au financement et en réformant les marchés du travail pour attirer des niveaux d’investissement plus élevés.
- Réformer le secteur des services publics. L’idée est d’assurer la viabilité financière du secteur et améliorer sa capacité à fournir des services essentiels.
Au final, il s’agit clairement de la recette habituelle du FMI, qui cherche à maximiser la marge de manœuvre des gouvernements et à stimuler le secteur privé. D’ailleurs, c’est le point commun entre tous les pays de la région MENA.