Olfa Hamdi, présidente du parti La Troisième République se porte officiellement candidate à l’élection présidentielle prévue à l’automne 2024, mais pas encore fixée par le président de la République. A-t-elle les moyens de ses ambitions ?
Que la présidente du parti dit de La Troisième République, Olfa Hamdi, caresse des ambitions présidentielles, est son droit absolu. Qui s’en offusque? Mais, à condition que cette candidature serve à enrichir le débat public sur le prochain scrutin présidentiel prévu à l’automne 2024 et ne soit pas une annonce éphémère qui ne fera pas long feu, étant au service d’une ambition personnelle. Ne dit-on pas que le passé éclaire le présent?
Sortie par la petite porte
Petit rappel. A peine six semaines après sa nomination à la tête de Tunisair, le 4 janvier 2021, avec pour mission de redresser la compagnie aérienne nationale ou du moins pour éviter qu’elle ne touche le fond de l’abîme, la jeune Olfa Hamdi promue à un avenir des plus prometteurs, fut sèchement limogée pour sa communication jugée « outrancière », son combat perdu d’avance contre l’UGTT à l’apogée de sa puissance, ainsi que pour son refus de respecter la hiérarchie.
N’avait-elle pas à l’époque refusé de se rendre à une réunion avec son ministre de tutelle, le ministre des Transports, Moez Chakchouk. Ce dernier arguant qu’elle avait « commis beaucoup d’erreurs. Elle n’a pas respecté le droit de réserve et ne s’est pas soumise aux autorités de tutelle » pour justifier son renvoi sans ménagement?
Arrogance
Arrogance? Erreur de jeunesse? La native de Gafsa bardée de diplômes (baccalauréat en 2007 avec une moyenne exceptionnelle de plus de 19, un master en génie mécanique de l’Université de Lille en 2012, master en administration des affaires de l’Université du Texas en 2014) brigue désormais la magistrature suprême. Ainsi, dans un communiqué paru samedi dernier, elle annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2024. Et ce, « suite à une proposition du Conseil national de son parti, La Troisième République ».
Le ton du communiqué a de quoi surprendre : quand et où sa formation politique s’est-elle réunie? Combien pèse son parti sur l’échiquier politique? Combien de bataillons comme disait Staline pour railler le poids du Vatican dans le monde? Y a-t-il une figure politique qui aura émergé de ce parti à part sa présidente, omniprésente dans les médias? Enfin, n’y a-t-il pas un brin d’arrogance et de suffisance mal placées à se présenter comme le sauveur providentiel qui se tient en réserve de la République?
Ainsi, Olfa Hamdi se présente comme étant une « alternative » capable « de répondre aux attentes des Tunisiens et de leur offrir un avenir meilleur ».Vaste programme.
« Après quatre années de mauvaise gouvernance et de politiques de division fondées sur la peur, les choix stratégiques du président Kaïs Saïed ont gravement nui à la cohésion nationale ». Pis, ces choix, selon elle « constituent désormais un risque sérieux pour la sécurité nationale de la Tunisie et pour le bien-être socio-économique du peuple tunisien ».
Et d’ajouter : « En 2011, le peuple tunisien s’est révélé être un peuple libre qui, en se levant pour ses droits, a rejeté l’autocratie sous toutes ses formes et a établi son droit inhérent au choix. Et, c’est « en accord avec cette liberté de choix que j’accepte la nomination du Conseil National du Parti de la Troisième République pour se présenter à la prochaine élection présidentielle en Tunisie ». A relever le malheureux et déplacé choix des mots, notamment l’arrogant verbe « accepter » la nomination de son parti. Un signe de mégalomanie qui ne trompe pas!
Dialoguer, mais avec qui?
« A partir d’aujourd’hui, poursuit le communiqué, et en tant que candidate à la présidentielle, j’entame également un dialogue large ouvert à tous les Tunisiens ainsi qu’avec les Tunisiens à l’étranger. Ce dialogue vise à construire une coalition large garantissant une transformation politique pacifique et réussie dans le cadre de la prochaine élection présidentielle ».
L’intention est louable, car comment se lancer dans cette aventure alors qu’elle est adossée à un parti qui n’existe probablement que sur le papier sans une « large coalition »; mais avec qui précisément? Mme Hamdi n’a pas jugé utile d’éclairer nos lanternes sur cette question cruciale. A moins qu’elle ne pense que sa seule candidature soit susceptible d’attirer les foules et que les partis politiques, ou ce qui en reste, suivront la dynamique créée par sa seule aura…
Au final, « à travers cette déclaration, je demande humblement au peuple tunisien de me soutenir dans la conduite de ce dialogue, dans la conduite de cette campagne et, à terme, dans la réalisation de cette vision de nous tous, unis pour faire entrer notre pays dans le 21ème siècle. Que Dieu m’aide et qu’il bénisse notre pays ». C’est encore ce qu’on peut lire dans le texte du communiqué annonçant la candidature. Enfin de l’humilité, qui ne semble pas être le trait dominant dans le tempérament de la candidate à l’élection présidentielle.