La situation à Gaza est complexe et suscite des opinions divergentes. Certains voient les actions israéliennes comme une réponse légitime à des menaces perçues. Tandis que d’autres condamnent ces actions, les qualifiant d’épuration ethnique.
Elyes Kasri, analyste politique et ancien ambassadeur a dressé un état des lieux de la géopolitique au Moyen Orient, en partant du constat que « l’éléphant sioniste a cassé la porcelaine à Gaza et s’attaque aux murs porteurs d’une pseudo supériorité morale de l’occident revigorée au prix fort en Ukraine mais démasquée comme une duplicité et une hypocrisie à Gaza qui ne fait qu’accélérer la déchéance morale et l’influence internationale (soft power) des Etats Unis d’Amérique et de leurs allies de l’OTAN. »
Il rappelle également que les implications géopolitiques, telles que le champ gazier offshore Leviathan et le projet de canal Ben Gourion, ajoutent une dimension stratégique à la situation.
Ainsi il précise « qu’avec la poursuite du plan Dalet d’épuration ethnique mis en œuvre depuis la Nakba de 1948 par les organisations militaires sionistes et le projet de destruction totale de Gaza en vue de son remplacement par ce qui est appelé Nova City israélienne, Hamas aura mis à nu la déroute morale de l’occident et de sa politique coloniale basée sur la désinformation et le pillage de l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et actuellement Gaza dont la valeur stratégique a été intensifiée par la découverte de l’important champ gazier offshore Leviathan, allant de la côte libanaise à celle de Gaza, et le projet de canal Ben Gourion, reliant le Golfe d’Aqaba à la Mer Méditerranée par Gaza. Outre l’éradication progressive de la Palestine historique, ce plan pourrait parachever l’asphyxie économique de l’Egypte après la construction du barrage éthiopien sur le Nil et par la suite en doublant le canal de Suez, privant ainsi l’Egypte de ressources hydrauliques et financières vitales. »
Et de poursuivre : « Ainsi, le bombardement de Gaza qui a dépassé en intensité la bombe atomique larguée sur Hiroshima (25.000 tonnes de TNT contre l’équivalent de 15.000 tonnes de TNT à Hiroshima), a tout l’air d’une campagne préméditée d’épuration ethnique qui attendait le premier prétexte pour terroriser toute la population de Gaza et opérer un transfert forcé de population ou, si nécessaire, un génocide pour vider ce territoire et en réserver l’exploitation exclusive à Israël et ses complices occidentaux, arabes et orientaux. Car l’Inde, sous l’extrémiste hindouiste Narendra Modi, gravement impliqué dans le massacre des indiens musulmans dans l’Etat du Gujarat dont il était le premier ministre en février 2002, semble de mèche pour oblitérer une autre composante de la Palestine historique et réaliser le rêve de l’alliance des civilisations judéo-chrétienne et hindouiste, en affaiblissant par la même occasion le projet chinois de route de la soie. »
Avant d’ajouter : « Au-delà du délire eschatologique des adeptes de la bataille d’Armageddon et de l’apocalypse, l’assaut de Gaza semble être le dernier soubresaut d’un mysticisme judéo-chrétien et d’une folie dominatrice coloniale occidentale du monde. »
« Apres l’opération “déluge d’Al Qods” et la débâcle militaire américano-sioniste, exacerbée par la disproportion phénoménale des forces en présence et assortie de l’effondrement médiatique et moral du colonialisme sioniste, fer de lance d’un occident en déclin, en plus de la mise à nu de la compromission de nombreux régimes arabes complices, passifs pour beaucoup et actifs pour certains, du génocide du peuple palestinien, le monde ne sera plus comme avant », conclut-il.
En fin de compte, la crise à Gaza a des répercussions importantes sur la région et remet en question les politiques internationales.