La demande d’acheteurs étrangers pour l’encours de la dette publique américaine a considérablement diminué. La part des bons du Trésor détenus par les investisseurs privés étrangers et les banques centrales chutant à environ 30 %, contre 43 % il y a dix ans. C’est ce qu’a rapporté, le 19 novembre, le Wall Street Journal (WSJ), citant des données de l’Association du secteur des valeurs mobilières et des marchés financiers.
Dans le même temps, l’offre est devenue de plus en plus inépuisable, note le journal. Tout en se référant à une nouvelle dette nette de 2 000 milliards de dollars émise par le Trésor américain cette année. Ce montant a marqué un niveau record, sans compter la frénésie d’emprunts liée à la pandémie enregistrée en 2020.
« Les émissions américaines sont en forte hausse et la demande étrangère n’a pas augmenté ». Ainsi déclare au journal Brad Setser, chercheur principal au Council on Foreign Relations. « Et dans certaines catégories clés, notamment au Japon et en Chine, ils ne semblent pas susceptibles d’être des acheteurs nets à l’avenir. »
La demande pour les obligations américaines de la part des investisseurs étrangers et des banques centrales, acheteurs voraces de la dette américaine dans les années 2000 et au début des années 2010, devrait être « plus limitée ». C’est aussi ce que relève le Comité consultatif sur les emprunts du Trésor, un groupe de dirigeants de Wall Street qui conseillent le gouvernement américain.
En réponse à la faiblesse de la demande, le Trésor a récemment décidé d’émettre des obligations à court terme qui sont plus demandées; et ce, dans le but de restaurer la stabilité du marché. Le rendement du bon américain à dix ans, qui a dépassé les 5 % le mois dernier, se situe désormais autour de 4,4 %.
Le rythme des achats étrangers a ralenti ces derniers mois
Les données publiées par le Trésor américain la semaine dernière montrent que les investisseurs étrangers ont vendu pour 2,4 milliards de dollars nets de bons du Trésor à long terme en septembre, portant leurs avoirs à 6,5 billions de dollars.
Parallèlement, les statistiques du Council on Foreign Relations, qui suit les investissements sur une base glissante de 12 mois, démontrent que le rythme des achats étrangers a ralenti ces derniers mois pour atteindre environ 300 milliards de dollars; contre des niveaux supérieurs à 400 milliards de dollars pour une grande partie de 2022.
Pour les analystes du Conseil, un dollar fort aurait contraint les banques centrales à cesser de stocker des bons du Trésor américain, voire à les vendre à la baisse.
Les régulateurs, y compris ceux de la Chine et du Japon, utilisent les dollars qu’ils obtiennent de la vente de la dette américaine pour augmenter la valeur de leur propre monnaie. Les investisseurs restent également préoccupés par le creusement des déficits du gouvernement américain.