« La lutte contre la corruption ne vise pas les hommes d’affaires qui travaillent dans le respect total de la loi ». C’est le message adressé par le président de la République, Kaïs Saïed, aux hommes d’affaires « intègres ». Il s’exprimait ainsi lors de l’audience qu’il a accordée, hier lundi 20 novembre, au patron de l’Utica, Samir Majoul.
L’arrestation de figures emblématiques a de quoi inquiéter les hommes d’affaires qui sentent confusément que l’Etat tunisien, ayant un besoin impérieux d’argent pour boucler son budget, met la pression sur les chefs d’entreprise. Parfois en ayant recours à l’intimidation et aux méthodes jugées brutales.
Apaisement
Et c’est probablement pour couper court à ses appréhensions, d’ailleurs fort légitimes, que le président de la République, Kaïs Saïed, a reçu, hier lundi 20 novembre 2023 au palais de Carthage, Samir Majoul, président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica).
Lors de cette rencontre, le maître des lieux a tenu à rappeler « le rôle national » de cette organisation. Tout en appelant ses membres « à soutenir les efforts de l’Etat » à cette étape « cruciale de l’histoire de la Tunisie ».
« La lutte contre la corruption ne vise pas les hommes d’affaires qui travaillent dans le respect total de la loi ». Ainsi nuance le chef de l’Etat, en affirmant que « la majorité des hommes d’affaires a été victime de la corruption et de la tyrannie ». Et en précisant que les hommes d’affaires « ne sont pas seulement ceux qui possèdent de grandes entreprises, mais aussi ceux qui dirigent des petites et moyennes entreprises ».
« Un certain nombre de ces hommes d’affaires subissent des lois conçues pour un petit nombre de personnes. En outre, ils continuent d’en souffrir et ils sont confrontés à des lobbys qui ont cherché à s’approprier les richesses du pays grâce à ces lois et à ceux qui les ont promulguées ». C’est ce qu’on peut lire dans un communiqué de la présidence de la République.
Pour rappel, lors de la rencontre entre les deux hommes, lundi 2 janvier 2023 au palais de Carthage, le chef de l’Etat avait, à cette occasion, rendu hommage aux hommes d’affaires « intègres ». Et ce, insistant sur et la nécessité de « créer toutes les conditions et les lois qui leur permettent de travailler dans un environnement sain ».
« Nous menons une bataille nationale pour la stabilité du pays qui ne pourra se réaliser qu’avec la participation des intègres », Ainsi insistait-il déjà, en réaffirmant à cette occasion « qu’il n’était pas contre la libre initiative comme le disent les rumeurs ».
Appel au patriotisme
Le Président de la République a d’autre part incité les institutions financières à jouer un rôle de premier plan dans le redressement d’une économie nationale basée, avant tout, « sur l’autosuffisance et la création d’une véritable richesse réelle profitant à tous, sur la base de la justice sociale ».
Par ailleurs, le chef de l’Etat a rappelé le rôle social de l’organisation patronale, eu égard à l’inflation galopante et à la croissance en berne. En insistant notamment sur la nécessité de sa contribution à la réduction des prix. « L’augmentation constante des prix de plusieurs produits de base pèse lourdement sur la majorité écrasante des Tunisiens, y compris les petits commerçants et les industriels ». C’est encore ce qui ressort du même communiqué qui ajoute que ces pressions internes, de même que les défis extérieurs ne peuvent être affrontés « qu’en travaillant ensemble, unis et solidaires ».
Mais, est-ce bien un hasard de calendrier? Quand on sait que le locataire du palais de Carthage a rappelé le même jour, lors de son entretien avec la ministre de la Justice Leila Jaffel, l’impératif d’« ouvrir tous les dossiers sans hésitation » et la nécessité « d’accélérer l’examen des nombreuses affaires qui traînent depuis de nombreuses années » afin qu’elles soient tranchées « dans un délai raisonnable ». Certainement pas la meilleure manière de dissiper les craintes et les malentendus.