Dix ans de collaboration fructueuse dans le développement local intégré en Tunisie : après un mois d’activités comprenant des visites de terrain, des inaugurations et des ateliers à travers le pays, l’Union européenne (UE) et l’Organisation Internationale du Travail (OIT) célèbrent ce mardi 21 novembre 2023 à Tunis une décennie de partenariat. Des représentantes de l’OIT, les ambassadeurs de l’UE et de la Suisse, ainsi que des représentants du ministère de l’Economie et de la Planification, dont Faouzi Gherab et Samia Charfi, Cheffe de cabinet du Chef du gouvernement, étaient présents pour une matinée au Palais des congrès.
Rania Bakhazi, directrice du bureau de l’OIT pour le Maghreb, a souligné le succès du programme de développement local intégré en Tunisie, lancé en 2012. Ce programme a permis la réalisation et la réhabilitation de 30 écoles primaires, 16 centres de santé de base; ainsi que l’aménagement de routes dans les zones rurales intérieures et frontalières au cours des dix dernières années.
Elle a également mis en avant la collaboration fructueuse entre l’OIT, le gouvernement tunisien, la société civile, l’UE, la coopération suisse et d’autres partenaires pour atteindre les objectifs du développement local intégré. Elle a rappelé que les interventions de l’initiative ont mobilisé une enveloppe financière de 19 millions d’euros. Tout en contribuant à la création de 252 opportunités d’emploi pour les jeunes et à la mise en place de petites entreprises dans diverses régions.
En outre, la prochaine phase du programme, s’étendant jusqu’en 2026, prévoit de nouvelles interventions dans quatre régions. Et ce, grâce à un financement supplémentaire de 4,5 millions d’euros de l’UE et de la coopération suisse.
Par ailleurs, Faouzi Gherab, représentant du ministère de l’Economie et de la Planification, a annoncé des investissements de trois milliards de dinars. Ils soutiendront les programmes régionaux et locaux en Tunisie, dans le cadre du plan 2023/2025 visant à renforcer la décentralisation et stimuler le développement. Ces fonds seront alloués à des programmes tels que le développement régional, le développement intégré et l’équipement des municipalités élargies. L’approche participative, centrée sur la décentralisation, vise à permettre aux collectivités locales de diriger le processus de développement.
L’intégration entre les régions
Ainsi, le plan met en avant le soutien et l’intégration entre les régions, ainsi que l’exploitation optimale des ressources naturelles. Avec un accent particulier sur le développement durable et intégré, souligné par l’implication de l’OIT et de ses bailleurs de fonds. L’objectif est d’établir des systèmes économiques à valeur ajoutée, tout en ciblant les groupes vulnérables et les régions à faible croissance. La gestion de la migration de la main-d’œuvre et la création d’emplois décents sont également des priorités.
Pour sa part, Arnoud Peral, coordinateur des Nations unies en Tunisie, a salué l’engagement continu du gouvernement envers le partenariat avec les Nations unies au cours des dix dernières années de travail sur le programme de développement local intégré. Il se prononce sur la nécessité de poursuivre les efforts qui devraient être renforcés dans des domaines tels que la numérisation, l’énergie, le changement climatique et la préservation de l’environnement.
Il a également mis l’accent sur l’importance de prioriser, entre autres, la jeunesse et l’emploi; et ce, avec la création d’un fonds pour soutenir l’emploi des jeunes et des femmes.
Au cours de cet événement, Josef Renggli, Ambassadeur de Suisse en Tunisie, a mis l’accent sur le rôle de la coopération dans le développement local intégré. Ainsi, il a insisté sur l’approche spécifique centrée sur l’humain, les progrès accomplis et les pistes pour poursuivre cette fructueuse collaboration, rejointe par la Coopération suisse.
De son côté, l’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, Marcus Cornaro, a évoqué les nombreux défis auxquels la Tunisie est confrontée pour assurer la durabilité de la vie. Dans ce contexte, il a annoncé une allocation de 250 millions d’euros de l’UE en faveur du développement durable. Il a assuré que ces projets se poursuivront en Tunisie, qui bénéficiera d’une enveloppe de 1,5 million d’euros.
L’approche de l’IPDLI est centrée sur l’humain
Il convient de rappeler que l’approche de l’IPDLI est centrée sur l’humain et la proximité. Elle intervient prioritairement dans des zones défavorisées et fragiles telles que les forêts et les oasis. Et en faveur de populations vulnérables telles que les femmes, les jeunes, les chômeurs et les personnes non qualifiées.
Le Développement local intégré, expérimenté par la Tunisie
Au cours des dix dernières années et à travers 72 projets, les conditions de vie de 400 000 Tunisiens/Tunisiennes se sont améliorées de manière pérenne. Et ce, grâce à des investissements publics qui ont utilisé les ressources locales, tant en termes de matériaux que de main-d’œuvre.
Ces interventions contribuent à l’adaptation au changement climatique dans les zones rurales, reposant sur des diagnostics précis et une priorisation des besoins par les habitants et les communes. Le Développement local intégré favorise des interventions socialement inclusives et créatrices d’emplois décents, impliquant l’ensemble des acteurs publics et privés au niveau local; ainsi que les services déconcentrés de l’Etat, les institutions et les partenaires sociaux à l’échelle régionale/nationale.
L’IPDLI intervient directement dans sept gouvernorats et 19 communes du Nord-Ouest, du Centre, et du Sud du pays. Aujourd’hui, des villages ont été désenclavés, permettant un accès toute l’année à l’école, au dispensaire et la vente de produits agricoles. Des coopératives ont été créées ou accompagnées pour rendre les femmes rurales économiquement autonomes, des périmètres agricoles améliorés favorisent la valorisation accrue de la production et l’aménagement de sentiers écotouristiques, les communes et les administrations déconcentrées collaborent de manière plus efficace, et des programmes publics progressent en synergie avec des projets de coopération.
Le Développement local intégré, expérimenté par la Tunisie et les programmes de coopération depuis une décennie, projette le pays dans l’avenir en offrant des perspectives aux jeunes.
Une chose est sûre, se concentrer sur l’humain, miser sur l’employabilité dans les zones rurales pour garantir une autonomie financière et créer une dynamique régionale, etc. Ce sont des approches ayant prouvé quotidiennement leur efficacité pour relever les défis économiques, sociaux et écologiques auxquels la population est confrontée. Comme quoi il ne suffit pas de rêver, mais il faut bel et bien réagir pour aller de l’avant.