L’expert en développement économique, Walid Belhaj Omar, a parlé lors de son passage à l’émission Midi Show, le mardi 21 novembre 2023, de l’importance de l’investissement dans le projet de loi de finances pour l’année 2024. Il estime qu’il n’est pas approprié de parler d’un taux de croissance dépassant les 3 %. Et ce, sans stimuler l’investissement, créer des emplois et rétablir la situation financière publique en général.
Walid Belhaj Omar a critiqué le fait qu’il ne soit pas accordé à la question de l’investissement la plus grande importance et qu’elle ne soit pas soumise à un débat au sein des ministères.
Il a attribué le déclin de l’investissement à plusieurs facteurs. Et notamment au manque de volonté de la Tunisie d’entreprendre des changements et des réformes. Ainsi, il déclare : « Le monde change, mais nous craignons le changement. » Il a ajouté que la Tunisie n’entreprend des réformes que sous la contrainte. Tout en soulignant que la seule initiative réformatrice connue fut celle de Kheireddine Pacha, mais elle n’a pas perduré. Walid Belhaj Omar souligne aussi que la Tunisie ne prend pas de risques pour le changement; même dans la révolution numérique le pays est en retard, poursuit-il.
En outre, l’intervenant relève que l’administration tunisienne continue de fonctionner avec des idées anciennes; en plus de l’absence de gouvernance politique et d’une politique prospective claire.
Ainsi, il déplore le fait que la Tunisie ne mise sur rien pour l’investissement, ne donne même pas d’opportunités pour créer de la richesse et que les jeunes tunisiens quittent le pays. Tout en questionnant les motivations derrière cet état de fait, il se demande si l’objectif n’est pas de les expulser. Et de citer le nombre important d’ingénieurs, soit 93 000, qui ont quitté le pays au cours des dernières décennies.
Par ailleurs, Walid Belhaj Omar a abordé la loi de finances pour l’année 2024. Il la la qualifie de « loi fiscale ». Il a insisté sur le fait que le rôle social de l’Etat exige une réduction de la pression fiscale sur la catégorie gagnant moins de 20 000 dinars par an. Cette décision est politique, revendique-t-il. Tout en soulignant que la ministre des Finances, Sihem Boughdiri, est une technicienne en matière de fiscalité et non une politicienne.
Dans le même contexte, Walid Belhaj Omar relève que la situation difficile actuelle est le résultat de cumuls et de l’absence d’une vision claire. Malgré cela, il estime que la Tunisie dispose de grandes capacités et que la réforme est possible.
Il a critiqué les lois actuelles comprenant plusieurs mesures répressives qui entravent la création de nouvelles opportunités d’investissement dans le pays. Ainsi, exprime-t-il son mécontentement à l’égard de l’incarcération d’hommes d’affaires et d’investisseurs, en raison d’affaires liées à des chèques sans provision ou à l’obtention de prêts. Il précise que la prison n’est pas la panacée et suggère des solutions alternatives, allant jusqu’à la confiscation de leurs biens dans les cas extrêmes.
Au final, Walid Belhaj Omar conclut sur la nécessité pour le pays de se renouveler et d’entrer dans une nouvelle ère axée sur « la solidarité entre les classes et la réconciliation ». Car, dixit l’intéressé, les conflits, les emprisonnements et les divisions ne profitent pas à notre économie.