Un nouveau front contre Israël en Mer Rouge? La saisie du cargo Galaxy Leader par les rebelles houthis dans l’une des zones les plus importantes du trafic pétrolier est, selon les observateurs internationaux, un signe avant-coureur du risque que la guerre menée par l’occupation israélienne à Gaza s’étende à la Mer Rouge et perturbe ainsi le commerce maritime mondial.
C’est le pire cauchemar pour Israël et son allié américain : un nouveau front dans la guerre entre Israël et le Hamas vient de s’ouvrir avec la saisie du navire Galaxy Leader par les Houthis pro-iraniens. Ces derniers, en s’emparant du cargo, ne cachent pas leur intention de frapper les intérêts de l’Etat hébreu dans la Mer Rouge, l’une des zones les plus importantes du commerce maritime. Ce qui donne de facto à ce conflit une dimension maritime aux conséquences incalculables. Aussi bien pour Israël que pour l’économie mondiale.
Un modus operandi sophistiqué
C’est que, selon les spécialistes de la sécurité maritime, l’assaut contre ce cargo qui transportait des voitures depuis la Turquie vers l’Inde, s’est produit près du très stratégique détroit de Bab-el-Mandeb, au sud de la Mer Rouge où près de 57 supertankers partent tous les jours des pays du Golfe et passent à travers ce détroit pour rejoindre l’Asie. Le spectaculaire abordage du cargo depuis les airs démontre que les rebelles houthis ne sont pas de simples pirates mais qu’ils disposent désormais de la technique nécessaire digne d’une armée pour frapper les intérêts israéliens où et quand ils veulent.
En effet, le Galaxy Leader qui bat pavillon des Bahamas, appartenant en vérité à une société britannique contrôlée par Abraham Rami Ungar, l’un des hommes les plus riches d’Israël, naviguait au large de la ville portuaire saoudienne de Jeddah, en Mer Rouge, lorsque ses signaux radars ont été coupés. Une source maritime du port de Hodeida contrôlé par les rebelles yéménites, a indiqué de son côté que les Houthis l’avaient conduit jusqu’au port d’Al-Salif à Hodeida.
En signe de représailles
Rappelons dans ce contexte, que suite aux bombardements israéliens sans distinction contre la population civile à Gaza, le groupe rebelle yéménite qui contrôle la capitale Sanaa ainsi qu’une bonne partie du Yémen en guerre, a officiellement déclaré la guerre à Israël. Et ce, en tirant des missiles et des drones en direction d’Israël ou de bâtiments de guerre américains.
La semaine dernière, ils avaient prévenu qu’ils comptaient s’en prendre aux navires israéliens en Mer Rouge. « Nos yeux sont ouverts pour surveiller et rechercher en permanence tout navire israélien », avait prévenu leur chef historique, Abdel Malek al-Houthi.
« Les forces navales des forces armées yéménites ont mené une opération militaire en Mer Rouge, dont le résultat est la saisie d’un navire israélien et son transfert vers la côte yéménite ». C’est ce qu’indiquait pour sa part le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Saree, sur le réseau social X. « Cette saisie intervient en représailles à la guerre menée par Israël contre les Palestiniens du Hamas dans la bande de Gaza et se fonde sur la responsabilité religieuse, humanitaire et morale envers le peuple palestinien opprimé, soumis à un siège injuste et à la poursuite des massacres horribles et odieux perpétrés par l’ennemi israélien », poursuit-il.
Côté israélien, Tsahal a indiqué que ce navire avait à son bord « des civils de diverses nationalités, mais aucun Israélien ». « Il ne s’agit pas d’un navire israélien », a souligné le porte-parole de l’armée israélienne. L’équipage du bateau, selon lui, comprend des citoyens de divers pays : des Bulgares, des Philippins, des Ukrainiens ou encore des Mexicains.
Risques de débordement régional
« Les informations faisant état d’un navire détourné par les houthistes sont un autre signe inquiétant d’un risque de débordement régional », s’est alarmé le vice-président de la Commission européenne Josep Borrell. Et ce, après une réunion avec les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept.
Pour sa part, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a « condamné fermement l’attaque iranienne contre un navire international ». Il l’a qualifiée d’ « agression contre le monde libre ayant des conséquences sur la sécurité des voies maritimes mondiales ». Sans omettre, bien entendu d’accuser l’Iran d’avoir commandité la prise de ce bateau.
« De telles accusations sont invalides », a aussitôt répliqué le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani. Il s’exprimait ainsi lors d’une conférence de presse, lundi 20 novembre. Tout en affirmant pour l’occasion que son pays « a sans cesse annoncé que les groupes de résistance dans la région représentent leur pays et qu’ils prennent leurs décisions et agissent sur la base des intérêts de leur pays».