En Tunisie, une approche systémique est nécessaire pour traiter les déficiences et les abus du passé, comme l’a souligné Elyes Kasri, analyste politique et ancien ambassadeur.
Elyes Kasri estime que la personnalisation des excès de feu Ben Ali et de ses proches a conduit à l’émergence d’une nouvelle classe de profiteurs. À cet égard, il souligne: « La personnalisation des excès et dérives et leur imputation à feu Ben Ali, sa famille et ses collaborateurs et proches, ou plus tard aux prédécesseurs, a ainsi parfois conduit à l’apparition d’une nouvelle classe de satrapes et de prédateurs, exacerbant les excès du passé sous une appellation différente avec une connotation révolutionnaire et une nouvelle classe de profiteurs plus avides et voraces. »
Tout regard critique sur le passé gagnerait à être assorti d’un diagnostic serein
Selon lui, un examen critique du passé doit être accompagné d’un diagnostic objectif des défaillances institutionnelles et réglementaires.
En outre, il précise: « Tout regard critique sur le passé gagnerait à être assorti d’un diagnostic serein et objectif des causes et défaillances institutionnelles et réglementaires qui ont permis ces dérives, avec une batterie de mesures et de moyens institutionnels et réglementaires crédibles pour y mettre fin. »
Et de poursuivre: « L’un des axes principaux des dérives du passé consiste en le pouvoir discrétionnaire qui se mue souvent en pouvoir personnel et parfois arbitraire à tous les niveaux de l’administration. »
En somme, il met également l’accent sur l’importance de la réforme, qu’elle soit crédible, impliquant « la rationalisation du pouvoir discrétionnaire, source d’abus et de corruption, avec des garde-fous efficaces. C’est la condition essentielle pour une véritable amélioration. La crédibilité de toute réforme pourrait résider dans son degré de rationalisation du pouvoir discrétionnaire, souvent source d’abus et de corruption, pour le réglementer et instituer des garde-fous et contre-pouvoirs efficaces et vérifiables pour tous. Telle semble être la condition essentielle de toute véritable réforme vers le mieux », conclut-il.