Le monde se réchauffe à un rythme sans précédent, de nouvelles données climatiques le confirment encore. Les dirigeants réunis pour la Conférence sur le climat, la COP 28, qui s’est ouverte jeudi 30 novembre 2023 Dubaï, doivent nous sortir de « profondes difficultés », déclare le secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
L’année n’est pas encore terminée, mais un nouveau rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) confirme qu’elle s’annonce comme la plus chaude jamais enregistrée. Avec une hausse des températures mondiales de 1,4 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels.
La course est lancée pour maintenir la limite de 1,5 degré convenue par les dirigeants mondiaux à Paris en 2015. « Nous vivons un effondrement climatique en temps réel – et l’impact est dévastateur », a prévenu M. Guterres. Il s’exprimait ainsi dans une déclaration vidéo accompagnant le lancement du nouveau rapport; alors que démarrent les négociations annuelles de l’ONU sur le climat.
Fonte des glaciers, montée des mers
Le secrétaire général s’est récemment rendu dans deux « points chauds » du réchauffement climatique, au Népal et en Antarctique. Il y a observé la fonte record de la banquise et s’est dit « choqué par la vitesse du recul des glaciers ».
Selon le rapport de l’OMM, l’étendue maximale de la glace de la mer de l’Antarctique pour cette année était inférieure à un million de kilomètres carrés du précédent minimum record, atteint à la fin de l’hiver dernier dans l’hémisphère sud. Les glaciers de l’ouest de l’Amérique du Nord et des Alpes européennes ont également connu une « saison de fonte extrême ».
En raison du réchauffement continu des océans et de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, une élévation record du niveau de la mer a également été observée, a indiqué l’OMM.
Les émissions de gaz à effet de serre au plus haut
Parallèlement, les concentrations dans l’atmosphère de dioxyde de carbone, de méthane et d’oxyde d’azote, des gaz piégeant la chaleur, ont atteint un niveau record l’an dernier et continuent d’augmenter en 2023. L’OMM souligne que les niveaux de dioxyde de carbone sont 50 % supérieurs à ceux de l’ère préindustrielle et que la longue durée de vie du gaz « signifie que les températures continueront d’augmenter pendant de nombreuses années ».
Ces données sont « plus que de simples statistiques » pour le chef de l’OMM, Petteri Taalas, qui a appelé à des mesures pour « limiter les risques d’un climat de plus en plus inhospitalier au cours de ce siècle et des siècles à venir ».
Conséquences désastreuses
Du cyclone Daniel en Libye en septembre (2023, ndlr), aux inondations dévastatrices dans la Corne de l’Afrique après cinq saisons consécutives de sécheresse, en passant par une grave pollution de l’air entraînée par les incendies de forêt au Canada, le rapport de l’OMM met en lumière les sinistres effets du bouleversement climatique sur la vie, la santé et les moyens de subsistance des humains.
Toute cette année, les communautés souffrant de conditions climatiques extrêmes partout dans le monde ont été confrontées à l’insécurité alimentaire et aux déplacements forcés. « Ces records de chaleur devraient donner des frissons aux dirigeants mondiaux », a déclaré M. Guterres, « et cela devrait les inciter à agir ».
La voie à suivre
Le chef de l’ONU a réitéré son appel pour « tripler les énergies renouvelables, doubler l’efficacité énergétique […] et éliminer progressivement les combustibles fossiles ». La capacité mondiale en matière d’énergies renouvelables a augmenté d’environ 10 %, tirée par l’énergie solaire et éolienne, selon l’OMM.
En outre, M. Guterres a mis en avant la feuille de route existante visant à limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius. Huit ans plus tard, il a exhorté les gouvernements à définir des « attentes claires » pour la prochaine série de plans d’action climatique et à investir dans leur mise en œuvre.
Protéger les populations
Lors de cette COP sera dressé le tout premier « bilan mondial » visant à évaluer les progrès collectifs en matière de réduction des émissions, d’accélération des efforts d’adaptation, et de soutien aux pays en développement, durement touchés par le réchauffement climatique. M. Guterres a déclaré que les pays devaient « aller plus loin et plus vite pour protéger les populations du chaos climatique ».
Cela implique de garantir que chaque personne sur Terre soit couverte par un système d’alerte précoce contre les conditions météorologiques extrêmes d’ici 2027. Mais aussi de mettre en place un « fonds pour les pertes et préjudices », afin d’aider les personnes vulnérables durement touchées par les inondations, les sécheresses et autres catastrophes climatiques.
Les pays développés doivent aussi honorer la promesse de fournir 100 milliards de dollars par an en financement climatique, faite pour la première fois lors de la COP15 en 2009; ainsi que doubler le montant du financement destiné aux efforts d’adaptation, a insisté Antonio Guterres.
D’après l’ONU