Le président de la COP28, Sultan al-Jaber, a fait la Une des médias occidentaux à l’occasion du Sommet mondial sur le climat qui se tient à Dubaï aux Emirats arabe unis. Ses propos ont mis en doute la nécessité de sortir des énergies fossiles pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.
Entre un pied dans le pétrole et l’autre dans le renouvelable, Sultan al-Jaber ne semble pas se poser de question. Mais il faut le comprendre, car au-delà de sa fonction d’émir, il est également le PDG de la principale firme pétrolière émiratie, ADNOC (dont il veut augmenter la production d’or noir), président d’une grande entreprise d’énergie renouvelable, Madsar (qui construit depuis 15 ans une « ville verte » dans le désert émirati), et ministre de l’Industrie et des Technologies avancées.
Toutefois, selon Sky News, les Emirats arabes unis ont l’intention d’investir 54 milliards de dollars dans l’énergie renouvelable d’ici à 2030. Et parallèlement, ADNOC compte dépenser une somme trois fois supérieure (environ 150 milliards de dollars) pour accroître les capacités de production de pétrole et de gaz d’ici à 2027.
Tout en accueillant la COP28, il faut reconnaître que l’économie des Emirats est essentiellement sur basée sur l’exploitation des hydrocarbures (pétrole et gaz). Mais cela, tout le monde le savait avant de lui confier l’organisation de la 28ème Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP).
Alors, surprise? Oui, le classement des pays les plus pollueurs du monde par habitant fait apparaître les Emirats arabes unis au 6ème rang derrière le Qatar (premier du classement), Bahreïn, Koweït, Trinité-et-Tobago et Brunéi Darussalam. A ne pas confondre avec les pollueurs absolus, les USA, la Chine, l’Inde, la Russie et l’Iran.
Autrement dit, le Moyen-Orient reste la partie du monde la plus polluante par tête d’habitant. Et ce n’est sans doute pas un hasard, parce que ce sont des pays dont l’économie est essentiellement basée sur l’exploitation des énergies fossiles grâce à leurs gisements de pétrole. A noter que le pétrole est à l’origine de l’essentiel du gaz à effet de serre.
Alors, certes choquants, les propos du président de la COP28 ne sont pas si étonnants lorsqu’il affirme que « sortir des énergies fossiles ramènerait l’humanité à l’âge des cavernes ». Sur le plan de la symbolique et de la morale, Sultan al-Jaber a sans doute tort, vu que son pays abrite cette conférence visant à conscientiser et sensibiliser la communauté internationale au réchauffement climatique dont les énergies fossiles sont les premiers responsables. Cependant, si on regarde les Emirats et d’autres pays de la région il y a 50 ans en arrière, on peut le comprendre…
Cependant, les propos de Sultan Al-Jaber ont provoqué la colère de la communauté scientifique. A titre d’exemple, le climatologue Bill Hare estime notamment que les déclarations d’Al-Jaber « frisent le déni climatique », selon le Daily Mail.
En somme, l’indignation des climatologues est compréhensible elle aussi. D’autant plus que la réduction de la part des énergies fossiles dans le développement économique est indispensable. Dans cette optique, on considère que, pour construire le système énergétique de demain, il faudrait mettre un terme à l’exploitation du pétrole.