Ankara refuse de respecter les résolutions de l’ONU concernant la nécessité du retrait des mercenaires et des forces étrangères du territoire libyen pour avancer sur la voie d’un règlement politique menant à des élections.
Le rejet interne et international de la présence de forces étrangères et de mercenaires en Libye s’intensifie. Mais la Turquie a ignoré cet avis et le Journal officiel a publié dans son numéro de mardi 5 décembre la décision du Parlement de prolonger pour une période la mission des forces turques en Libye de 24 mois.
La prolongation de la mission de l’armée turque renforce la réalité de la division politique libyenne. Avec à l’ouest, le gouvernement d’unité nationale qui accepte le maintien des forces turques. Tandis que le Parlement le rejette, et les membres du Conseil suprême d’Etat sont partagés entre soutien et refus du maintien des forces sur place.
Ankara investit sa présence en Libye pour renforcer la « stratégie pour la patrie bleue », pour laquelle elle conclut des accords avec le gouvernement de Tripoli.
Pour sa part, la Turquie estime que la présence des forces vise à protéger ses intérêts, à renforcer sa stratégie et à œuvrer à tirer le meilleur parti de sa présence dans l’ouest de la Libye. Tout en soutenant militairement le gouvernement d’entente nationale face à l’Armée nationale libyenne. De même que le gouvernement d’union nationale face au gouvernement parallèle soutenu par le Parlement.
Ankara investit sa présence en Libye pour renforcer la « stratégie pour la patrie bleue », pour laquelle elle conclut des accords avec le gouvernement de Tripoli, sans l’approbation du parlement légitime. En effet, la « Patrie bleue » est une stratégie turque visant à contrôler la Mer Egée, la Méditerranée orientale et la Mer Noire.
Vendredi dernier, la présidence turque a transmis un mémorandum à la présidence du Parlement prolongeant les missions des forces du pays en Libye pour 24 mois supplémentaires, à compter du 2 janvier 2024. L’approbation du Parlement turc est intervenue après un processus de vote à la majorité de ses membres.
L’Agence turque d’Anatolie a rapporté que le mémorandum présidentiel, signé par le président Recep Tayyip Erdogan, confirmait que « les efforts entrepris par la Libye après les événements de février 2011 pour construire des institutions démocratiques ont été vains en raison des conflits armés qui ont conduit à l’émergence d’une structure administrative fragmentée dans le pays ».
L’agence a justifié la présence militaire turque en Libye en affirmant que le gouvernement d’entente nationale avait demandé le soutien de la Turquie en décembre 2019. Et ce, face à l’augmentation des menaces sécuritaires dans le pays et la fourniture d’un environnement approprié pour les organisations terroristes et les groupes armés, ainsi que contre l’immigration illégale et la traite des êtres humains.
Rejet clair par Dabaiba de la présence turque
La Turquie a donc transféré des mercenaires et des agents des services de renseignement syriens pour soutenir les milices. Et les soldats turcs ont également participé au lancement d’attaques contre d’anciennes positions de l’armée libyenne. Elle refuse également de respecter les résolutions de l’ONU concernant la nécessité du retrait des mercenaires et des forces étrangères du territoire libyen afin de faire avancer la voie d’un règlement politique menant à des élections.
Dans ce contexte, la Turquie cherche à avoir une forte présence en Libye pour préserver ses intérêts économiques et géopolitiques. Mais elle est confrontée à la concurrence de pays comme l’Egypte, qui soutient le commandant de l’armée nationale libyenne, à travers le maréchal Khalifa Haftar. Alors que les données indiquent qu’elle a loué un parc militaire pour servir de base à l’armée turque dans le port d’Al-Khoms, ville portuaire du nord-ouest de la Libye. Et dans une polémique sur l’influence turque, malgré les dénégations du gouvernement d’union nationale dirigé par Abdelhamid Dabaiba qui a répondu à ces données, en considérant qu’il s’agissait d’une tentative d’attiser les tensions avec l’escalade du rejet interne et international de la présence de forces étrangères et de mercenaires.