Différents députés des blocs parlementaires ont estimé que le projet de loi de finances pour 2024 (PLF 2024) ne répond pas aux aspirations du peuple tunisien, regrettant qu’il ne soit pas élaboré selon une approche participative.
Mercredi 6 décembre 2023, lors de la séance plénière consacrée à l’examen du projet de loi de finances 2024, le député du bloc national indépendant, Sami Rayes, a indiqué qu’il s’agit d’un texte de loi « comptable par excellence », soulignant que le budget de 2024 sera « sous pression ». « L’année 2024 s’annonce très difficile », alerte le député, évoquant des problématiques liées à la pression fiscale qui continueront à alourdir les citoyens, la persistance du chômage et le climat défavorable à l’initiative privée.
Budget de gestion, un budget basé sur les taxes
De son côté, le député du bloc « Pour que le peuple triomphe », Néjib Akermi, a qualifié le budget de 2024 de « budget de gestion », ajoutant qu’il ne s’inscrit en aucun cas dans une politique de « compter sur soi ». Selon lui, ce projet n’est pas en mesure de créer de la richesse et d’améliorer la productivité des différents secteurs. Le parlementaire estime qu’il ne comporte pas des mesures en faveur des petits agriculteurs et des catégories démunies dont le nombre s’élève aujourd’hui à quatre millions.
« Le budget actuel n’a pas pris en considération les titulaires de diplômes supérieurs, dont le nombre augmente chaque année, et n’a pas accordé suffisamment d’intérêt ni au secteur de la santé, lequel est soumis à de véritables lobbies, ni à la filière du transport du phosphate, qui draine des recettes supplémentaires permettant de renforcer le budget de l’État », a encore estimé Akremi, qui préfère « l’adoption d’un budget plus libéral au lieu d’un budget basé sur les taxes ».
Pas de place pour la diplomatie économique, ni de réforme des entreprises publiques
Le député Youssef Tarchoun a critiqué l’absence d’une diplomatie économique révolutionnaire et le manque de volonté d’adhérer au groupe des cinq pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), au lieu de se contenter de la coopération avec l’Union européenne.
Il a pointé du doigt, aussi, le retard au niveau de la mise en place d’une réforme au sein des entreprises publiques, afin qu’elles puissent contribuer efficacement à l’effort de développement et de l’autosuffisance.
2024, année de relance?
Pour sa part, le député Maher Gtari a souligné que l’année 2024 doit être l’année de relance, à travers l’adoption d’un nouveau modèle économique en reconsidérant de nombreux textes législatifs, en l’occurrence le Code de change, la loi sur l’investissement.
Mêmes choix que par le passé…
Le député indépendant, Mokhtar Ifaoui estime, lui, que le budget actuel reflète les anciens choix économiques et financiers et reste fidèle aux instructions du FMI, notamment en ce qui concerne le gel des salaires et des recrutements dans la fonction publique face à la montée du chômage et de l’emploi précaire.
Selon le même député, ce budget n’a pas prévu une levée de la compensation, mais n’a pas non plus prévu de solutions à l’indisponibilité de plusieurs produits de base sur le marché, ni à l’évasion fiscale. « Il contribuera ainsi à appauvrir davantage les catégories vulnérables ».
Il fustige par ailleurs l’absence d’une vision claire concernant l’indépendance de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et l’amendement de son statut, mais aussi d’une vision de réforme économique globale et d’une diplomatie économique efficace.
Le PLF n’est pas à la hauteur…
Quant à la députée Meriem Cherif (Bloc Voix de la République), elle pense que le projet de loi de finances 2024 « n’est pas à la hauteur des attentes du peuple tunisien ».
« Il ne permettra ni d’appuyer l’investissement, ni de favoriser la création d’emplois et de combattre la pauvreté, la marginalisation et l’immigration des jeunes, ni d’orienter la compensation vers les ayants droit ». Selon elle, ce projet de LF 2024 consacre « la philosophie de compter sur soi afin de réduire l’endettement, à travers des choix difficiles qui ne seront pas favorable aux citoyens ».
Avec TAP