A fin novembre 2023, la Tunisie a réussi à rembourser 93 % du service total de sa dette extérieure. C’est ce qu’a fait savoir la ministre des Finances, Sihem Nemsia, lors d’une plénière tenue mercredi après-midi, au Palais de Bardo. Elle était consacrée à l’examen du Projet de Loi de Finances 2024.
« En dépit de la situation difficile des finances publiques et les facteurs exogènes ayant impacté les équilibres financiers de l’Etat, la Tunisie est parvenue à honorer ses engagements envers ses partenaires financiers et bailleurs de fonds », a-t-elle ajouté.
Puis, réagissant aux interventions des députés, la ministre est également revenue sur les besoins de financement prévus dans le cadre du Budget de l’Etat pour 2024. Lesquels s’élèvent à 28 188 millions de dinars (MD).
Ainsi, elle a expliqué que ces besoins seront couverts à raison de 11 743 MD par le recours au marché intérieur (soit 42 % des ressources d’endettement) et de 16445 MD par le recours à l’endettement extérieur. Les financements à mobiliser à travers l’endettement extérieur se répartissent entre les crédits directs destinés aux financements de projets et 14 470 MD d’appui budgétaire.
La Tunisie compte aussi sur ses relations avec les pays frères et amis
« Le compter sur soi est notre philosophie dans le cadre du budget de l’Etat 2024. Mais, la Tunisie compte aussi sur ses relations avec les pays frères et amis, pour mobiliser les financements extérieurs fixés dans le cadre du budget 2024. Et nous avons commencé à activer nos relations diplomatiques pour avoir les garanties et mobiliser les financements nécessaires » a encore déclaré la ministre.
En outre, le budget de 2024 consacre le rôle social de l’Etat, d’après ses dires. « Nous avons fait le choix de maintenir la subvention et de ne faire aucune révision des prix malgré les pressions sur les finances publiques. Nous avons aussi maintenu et consolidé les dépenses sociales car on ne peut pas améliorer les équilibres financiers au détriment des catégories vulnérables ».
« Nous avons par ailleurs maintenu et consolidé les dépenses destinés à l’investissement, qui ont augmenté de 12 % à 12 300 MD pour servir de locomotive à l’économie et à l’investissement privé et contribuer à créer la richesse. Nous avons également contribué aux efforts de création d’emploi en prévoyant le recrutement de 13 580 agents dans la fonction publique en 2024, malgré toutes les contraintes et pressions ».
En réponse à une question sur les blocages que connait le secteur des phosphates, la ministre a souligné « qu’il s’agit d’un secteur important en termes de ressources, mais aussi en termes de sécurité nationale. Ce secteur est suivi de très prés par le président de la République. Des mesures importantes sont en train d’être opérées. La situation s’améliore même si on n’a pas encore renoué avec les niveaux habituels de production ».
« Après des années de pertes, des bénéfices importants ont été enregistrés par la CPG et le Groupe Chimique Tunisien (GCT), en 2022 et 2023 et l’Etat a même reçu des dividendes sur les deux compagnies. On a tous les atouts pour renouer avec les niveaux de production d’avant la révolution. Il faut juste rétablir la culture de travail », poursuit-elle.
S’agissant des avantages accordés à l’investissement, la ministre indique que l’orientation retenue consiste à rationnaliser ces avantages en les orientant vers les nouveaux secteurs et les investissements à haute valeur ajoutée (transition énergétique, agriculture, technologie…).
Interrogée sur la situation difficile que traverse la Banque de financement des PME (BFPME), la ministre a déclaré que « le plan de restructuration de cette banque a été adopté lors d’une séance de travail ministérielle et que des mesures importantes la concernant sont prévues pour 2024 ».
Et de préciser que « la commission qui travaille sur ce dossier œuvre toujours à faire sortir cette banque de sa crise et à rétablir ses équilibres financiers; étant donné son rôle important dans le financement d’un segment important d’entreprises ».
Le gouvernement se penche aussi, affirme la ministre, sur la lutte contre l’économie parallèle et l’évasion fiscale. « 20 110 non-patentés ont été intégrés au circuit organisé, générant des recettes de l’ordre de 1253 MD. Et un travail quotidien se poursuit sur le terrain par tous les services concernés pour consolider ces efforts », a-t-elle révélé.
Enfin, Mme Nemsia a évoqué le dossier du secteur du tabac. Lequel figure parmi les priorités du ministère des Finances, étant donné sa contribution aux finances publiques. « Les derniers mois ont connu une baisse de production due à plusieurs facteurs (perturbations à l’échelle mondiale, blocage au niveau des procédures relatives aux offres publiques, matières premières, etc.). Toutefois, les mois d’octobre et novembre ont connu une reprise, voire une augmentation de la production de ce secteur », a relevé la ministre.
Avec TAP